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Conferenza Emma Bonino
Commissione Europea Letizia - 20 maggio 1997
TABLE RONDE EURO - BRUXELLES 15/05/97

Discours de la Commissaire Emma Bonino

Mesdames,

Messieurs,

C est pour moi un grand plaisir d ouvrir cette table ronde consacrée aux aspects pratiques du passage à l euro. Il ne s agit pas de discuter de façon théorique du pourquoi, des avantages, des inconvénients, des difficultés, des réticences ou des hésitations. Il faut maintenant être concret : il convient d examiner comment, pratiquement, et dans tous les détails, l euro va être introduit. Je rends hommage ici à l excellente coopération de Yves-Thibault de Silguy et de ses services qui ont été montré d être sensibles à la dimension consommateurs dans le parcours de préparation à l introduction de l euro.

Permettez-moi une remarque d ordre général: en fait, les différentes politiques ont jusqu ici trop souvent sous-estimé la place et le rôle du consommateur, en postulant que tout ce qui est bon pour le grand marché était bon pour le consommateur. Nous savons aujourd hui que ce postulat est faux. Il convient à mon avis, de remettre le consommateur au centre des préoccupations. C est ainsi, et seulement ainsi, que les politiques mises en oeuvre seront aussi au service des consommateurs.

Ceci étant dit, je sais que les représentants des consommateurs ont très soigneusement préparé cette réunion. Afin de connaître les opinions des consommateurs européens j ai réorganisé, lorsque j ai pris mes fonctions, le Comité des consommateurs. Ce comité a créé un sous groupe euro, qui se réunit 2 jours par mois depuis octobre. Les orateurs consommateurs inscrits sur votre programme sont tous membres de ce groupe de travail. Ils doivent remettre à la Commission en septembre les conclusions de leurs travaux. C est par des démarches de ce type que les consommateurs pourront être mis au centre de nos préoccupations. Je souhaiterais qu il en soit de même au niveau national : les consommateurs ont, par exemple, leur mot à dire en matière d organisation nationale de l introduction de l euro. Encore faut-il que les différentes autorités leurs demandent leur opinion! Seulement, à ma connaissance, bien peu de pays l ont fait. Et, s il vous plaît, ne vous abritez pas derrière cette vieille formule nous

sommes tous consommateurs . Dans son domaine d activité professionnelle chacun raisonne d abord en professionnel, et non pas en consommateur.

Aujourd hui vos travaux sont divisés en 2 ateliers. Permettez-moi deux réflexions, pour chacun des ateliers.

Le premier atelier traitera de l introduction de l euro. Nous attendons tous le 1er janvier 1999, jour de création de la monnaie unique. Mais que se passera-t-il en 1999? en 2000? en 2001? Certains semblent considérer que le consommateur ne devrait être concerné qu en 2002. Comment peut-on expliquer que la monnaie unique est créée en 1999 mais que rien ne change pendant 3 ans? N y a-t-il pas là, plus qu une contradiction?

Certes, au niveau juridique, la loi prévoit qu il n y aura ni interdiction, ni obligation d utilisation de l euro. Mais que signifie cette formule si le consommateur ne peut pas faire de paiement en euro ou s il doit payer des frais supplémentaires parce qu il utilise l euro, monnaie légale ? Ce ne sont que des exemples des maintes questions que se posent les consommateurs européens.

Comme je l ai souvent dit la monnaie unique sera pour le consommateur la traduction concrète de son appartenance à l Union européenne. Il est sans doute nécessaire de prévoir un basculement progressif, à tous les niveaux, y compris celui des consommateurs. Tout reporter à la fin 2001 me paraîtrait la pire des solutions, notamment pour des raisons d éducation des consommateurs à cette nouvelle monnaie. J ai parfois l impression que dans le bateau de la monnaie unique chaque Etat rame à son rythme - Ce n est pas la meilleure façon d avancer.

Le deuxième atelier traite de l aide aux utilisateurs de monnaie. Je voudrais insister sur l absolue nécessité, non pas seulement de l information, mais de l éducation. Aux problèmes pratiques, techniques, juridiques, nous trouverons tous ensemble des solutions. Le problème le plus difficile pour les consommateurs sera l éducation à la nouvelle monnaie. Nous avons été éduqués avec une langue maternelle et une monnaie maternelle . Ce qui est demandé aux consommateurs est d abandonner leur monnaie maternelle. La seule solution pour assurer que cet abandon se fasse sans heurts c est l éducation du consommateur à cette nouvelle monnaie. Les expériences d utilisation de l euro qui sont faites aujourd hui, le double affichage des prix, tout cela sont des éléments de réponse à ce besoin d éducation.

Une campagne d information d envergure est en cours. Des centaines de projets sont soutenus par la Commission dans les différents pays. Des exercices de simulation à l usage de l euro ont été effectués, certains avec un franc succès. Je plaide pour que l imagination soit mise encore davantage à contribution. Lors de la précédente table ronde sur l information du 23 janvier 1996 j avais souhaité notamment, par exemple, le développement de jeux de sociétés en euro. Je constate aujourd hui que le marché n est pas très encombré. Ce n était qu une petite idée. Alors, pensons autre chose. Un autre exemple, une idée toute simple : tous les nouveaux manuels scolaires contenant une référence à la monnaie ne devraient utiliser que l euro. Que font les autorités scolaires dans les différents Etats membres : y-pensent-elles ? Savez vous combien de temps à l avance il faut s y prendre pour prévoir des changements dans les manuels scolaires ?

Sur le double affichage : franchement, moi je suis personnellement convaincue que ce n est pas par un double affichage rigide et prolongé que nous encourageons le switch dans les têtes des consommateurs. Là aussi, il faudra faire preuve de souplesse et d imagination.

Un des work-shops d aujourd hui traite des consommateurs fragiles . Pensons aux personnes âgées, aux aveugles : mais encore, savez vous que dans notre Europe d aujourd hui il y a grosso modo environ 30% d illettrés de retour ? Qu est-ce que l introduction de l euro représentera pour eux ?

L information, l éducation, on n en fera jamais assez. Pensez : dans plusieurs pays (Espagne, Italie) la monnaie nationale ne se divise pas en centièmes. Tous les consommateurs de ces pays vont devoir réapprendre à compter l argent. L éducation c est une question de long terme. Alors réfléchissons et prenons les bonnes décisions à l avance, c est à dire, maintenant.

D ailleurs, j ai l intention d organiser dès cette année, en collaboration avec mon collègue De Silguy et dans le cadre de la campagne d information, une opération d envergure de formation d experts consommateurs auprès de toutes les associations nationales. Nous voulons former un correspondant euro dans chaque association de consommateurs, soit plus de 300 associations. Ces experts deviendront ainsi nos multiplicateurs d information sur l euro auprès des consommateurs.

Nous ne résoudrons certainement pas tous les problèmes aujourd hui. Les consommateurs posent un certain nombre de questions auxquelles nous n avons pas encore de réponse. Les discussions doivent continuer. Je peux déjà vous annoncer que la présidence Luxembourgeoise organisera en collaboration avec la Commission, en novembre prochain, un colloque sur les aspects pratiques de l euro pour les consommateurs. A cette occasion seront présentées les conclusions des travaux du comité consommateur, ainsi que celles du suivi de cette table ronde. Nous aurons ainsi l occasion d aborder tous les domaines dans lesquels des initiatives, éventuellement législatives, seraient nécessaires.

En conclusion je n aurais qu un souhait : soyez concrets, posez des problèmes concrets, faites des propositions concrètes .

Et je peux vous assurer que si la Commission doit proposer des mesures concrètes, elle les proposera.

Discours de Madame E. BONINO

Commissaire responsable de la Politique des Consommateurs.

Table ronde sur les aspects pratiques du passage à l EURO.

Bruxelles le 15.05.97

 
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