PARIS - Un accord de pêche "de type différent" devrait voir lejour entre le Maroc et l'Union européenne à l'expiration de celui en vigueur jusqu'en novembre 1999, estime Emma Bonino, commissaire européen chargée de la pêche, dans une interview à paraître mercredi dans l'hebdomadaire Jeune Afrique. En vertu de l'acccord, signé pour quatre ans en novembre 1995, 700 bateaux en majorité espagnols opèrent au large des côtes marocaines, en échange de compensations financières. L'accord prévoit la réduction progressive des prises de pêche ainsi qu'un repos biologique de deux mois par an pour permettre "la reconstitution des produits de la mer". "Il s'agira d'un accord de type différent", déclare Mme Bonino, en estimant que la flotte espagnole, surtout andalouse, qui doit être restructurée, "n'a pas d'autre solution que de pêcher dans les zones marocaines". Elle a donné en exemple "une nouvelle formule (trouvée) avec les Argentins, et fondée non sur les captures mais sur la création de sociétés mixtes". Le ministre
marocain des Pêches, El Mostapha Sahel, a annoncé l'an dernier qu'il ne voulait pas renouveler l'actuel accord, afin de réserver la pêche aux Marocains et de mieux conserver ainsi les ressources halieutiques. Mais Rabat souhaite un nouveau "partenariat mutuellement avantageux" avec les pays de l'UE pour l'utilisation des produits de la pêche. Interrogé à ce sujet, le commissaire européen a déclaré souhaiter que "l'enjeu politique de nos accords soit mieux compris des deux côtés". En effet, "l'Union européenne et le Maroc sont obligés de vivre ensemble", a-t-elle dit, en demandant aux Européens de comprendre "qu'ils n'ont aucun droit sur les zones de pêche marocaines". Mme Bonino va participer, les 26 et 27 mai à Casablanca, à des rencontres destinées à développer le partenariat entre les entreprises marocaines et celles de l'UE dans le secteur de la pêche. 400 entreprises (100 marocaines et 300 européennes) y participeront.