BRUXELLES - La suspension par le haut commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR) de son aide aux Rwandais dans l'ex-Zaïre en raison de l'absence de garanties de sécurité est un coup dur pour la crédibilité de l'ONU, a souligné le Commissaire européen chargée de l'aide humanitaire Emma Bonino. "La crédibilité de tout le système des Nations Unies est sérieusement affectée par de tels développements", a affirmé Mme Bonino dans une déclaration issue jeudi à la suite de la décision du HCR. Le haut commissaire Sadako Ogata avait déclaré mardi à New York être "obligée de supsendre les opérations concernant les réfugiés rwandais au Congo" si le conseil de sécurité de l'ONU ne pouvait obtenir des garanties de sécurité pour ces réfugiés. La suspension a été décidée mercredi après que la République démocratique du Congo (RDC) eut expulsé la semaine dernière sur Kigali quelque 800 réfugiés rwandais et burundais d'un centre de transit du HCR à Kisangani (est). "J'ai été en contact étroit avec Mme Ogata sur cette affaire et
je partage sa frustration" a souligné Mme Bonino en parlant de "la suppression d'un espace humanitaire dans la région des Grands lacs à cause des abus perpétrés par les gouvernements locaux dans la région". Elle s'est également dit "complètement découragée mais pas surprise par le commentaire attribué au président Kabila selon lequel il s'est dit soulagé par la suspension de l'aide à ces réfugiés". "Il faudra plus que des coups de téléphone pour rétablir un certain sens de la dignité humaine et de la décence internationale dans cette saga tragique", a-t-elle conclu. La Belgique a lancé un appel aux responsables concernés "afin qu'ils respectent les engagements pris en signant des conventions internationales et qu'ils fassent en sorte que les organisations humanitaires puissent faire leur travail correctement", selon une déclaration du ministre des affaires étrangères Erik Derycke. Selon le HCR, quelque 200.000 réfugiés rwandais et 20.000 Burundais ont disparu, des milliers d'entre eux ayant été massacrés se
lon une mission d'enquête de l'ONU, après l'offensive lancée l'an dernier par les hommes de M. Kabila contre les camps à la frontière du Rwanda.