Fraudes: Emma Bonino pourrait attaquer la BelgiqueInterrogée par José Happart sur les suites que la Commission européenne pourrait donner au dossier des fraudes au boeuf britannique, constatées cet été en Belgique, la commissaire Emma Bonino a laissé poindre une certaine menace, hier devant le Parlement européen.
Mme Bonino va demander à ses services juridiques de quelle marge de manoeuvre dispose la Commission pour sanctionner l'attitude de notre ministre de la Santé, Marcel Colla. Le premier rapport de la Commission sur les exportations illégales de boeuf britannique et sur le rôle suspect de la firme Tragex-Gel a été transmis à la Belgique le 14 mai 1997, a-t-elle rappelé. Malgré cet avertissement, le ministre a octroyé le permis d'exploitation à Tragex-Gel le 29 mai!
Mme Bonino a sans doute haussé le ton pour faire plaisir à son auditoire. Car on voit mal pourquoi la Commission irait jusqu'à un recours contre la Belgique alors qu'elle renonce à tout recours contre le Royaume-Uni, premier coupable, de très loin, dans toute cette affaire. Le franc-parler habituel d'Emma Bonino semble trouver aussi ses limites.
Au registre des contrôles, elle a reconnu que les ressources humaines dont elle dispose sont totalement inadéquates. C'est une pierre dans le jardin des Etats, qui rechignent à dépenser plus pour se faire imposer des contrôles accrus. Mais peut-être aussi une pierre dans le jardin du commissaire Liikanen, responsable du Budget et du Personnel... Mme Bonino a énuméré les mesures prises ou les mesures »étudiées par la Commission: transparence des documents scientifiques; procédures d'infraction contre dix Etats membres pour non-respect des dispositions sur la farine animale; interdiction éventuelle de farine carnée aux ruminants; interdiction décidée de l'utilisation des matériaux à risque (cervelle, moelle épinière,...); divers projets de directives, notamment pour rendre les éleveurs responsables de la qualité de leurs produits; renforcement des règles d'étiquetage...
Quant à un recours ou à des sanctions financières contre la Grande-Bretagne, la commissaire s'en est tirée par une pirouette qui confirme le refus de la Commission d'exécuter cette requête du Parlement: Il ne serait pas approprié que ces aspects deviennent le point central sur lequel vous jugerez le travail que la Commission a accompli.
Le président Santer avait demandé que son équipe soit jugée sur ses actes. Pour l'instant, les actes concrets restent en-deça des attentes des députés. Du moins des attentes de février dernier...
A.R.