par Tim JohnstonKABOUL - Les talibans au pouvoir à Kaboul ont présenté leurs excuses à Emma Bonino, commissaire européen aux Affaires humanitaires, après l'avoir brièvement interpellée lundi ainsi que les 18 personnes qui l'accompagnaient. "Cet incident semble clos. Il y a une réunion à Kaboul avec le ministère des Affaires étrangères, elle a reçu des excuses et peut poursuivre sa mission", a déclaré, à Bruxelles, un porte-parole de la Commission européenne. La délégation d'Emma Bonino, des représentants d'organisations humanitaires -dont ceux de Care International- et des journalistes -parmi lesquels Christiane Amanpour, reporter à la chaîne de télévision américaine CNN- ont été arrêtés pendant plus de deux heures et demie après avoir pris des photos dans un hôpital pour femmes, à Kaboul. "Peut-être ne s'agit-il que d'une confusion, un incident banal qui n'a rien à voir avec la personne de Mme Bonino", a ajouté le porte-parole de la Commission européenne. Il a déclaré que des cameramen de télévision pourrait être à l'origi
ne de l'incident. A Kaboul, Hajji Habibullah, un responsable de la sécurité des talibans, avait auparavant déclaré que le groupe avait été "arrêté parce qu'ils n'avaient pas de lettre (d'autorisation) des autorités et photographiaient des femmes". "Les talibans ont pour politique d'interdire que des femmes soient photographiées par tout homme n'appartenant pas à leur famille. Ils ont été arrêtés pour ce délit. Le directeur de l'hôpital était venu se plaindre auprès de nous du fait qu'ils prenaient des photos", avait-il ajouté.
Une aide de 40 millions de dollars
"Je ne sais pas pourquoi j'ai été placée en garde à vue pendant quelques heures", a déclaré Emma Bonino sur CNN, après sa libération. Elle a ajouté que certains membres d'organisations humanitaires non gouvernementales qui l'accompagnaient avaient été frappés dans le dos à coups de crosse de Kalachnikov par des talibans, mais qu'elle-même n'était pas blessée. "J'ai juste été menacée avec une Kalachnikov", a-t-elle dit, en précisant que tous les effets du groupe avaient été restitués sans explication lors de la libération. Les talibans ont interdit toutes les photographies d'êtres vivants en les estimant contraires à l'islam. Lors de leur prise de Kaboul, en septembre 1996, ils avaient brisé toutes les cassettes audio et vidéo, dont ils s'étaient servis pour décorer les guérites de leurs postes de contrôle. Mme Bonino et les 18 personnes qui l'accompagnaient ont été placées en garde à vue dans un commissariat du centre de Kaboul. Leur libération a semble-t-il eu lieu après consultation par les autorités du mo
llah Mohammed Rabbani, président par intérim du conseil de gouvernement des talibans. Emma Bonino se trouvait à Kaboul pour une visite de 24 heures destinée à évaluer les effets d'une aide d'urgence de 40 millions de dollars fournie à l'Afghanistan par l'Union européenne. L'Union européenne est le principal donateur d'aide humanitaire d'urgence en Afghanistan.