BONN - Le ministre allemand des Affaires étrangères, Klaus Kinkel, a jugé, lundi à Bonn, que l'interpellation à Kaboul du commissaire européen à l'aide humanitaire, Emma Bonino, témoignait d'un "mépris cynique vis-à-vis de l'Union européenne" et constituait une "gifle". Selon des sources officielles afghanes, Mme Bonino, les membres de sa délégation et des journalistes ont été interpellés lundi matin pour avoir filmé ou photographié des femmes, ce qui est illégal à Kaboul, avant d'être relâchés trois heures plus tard. "L'arrestation temporaire d'Emma Bonino et de sa délégation à Kaboul par les milices du régime des talibans est une marque de mépris cynique envers l'ensemble de l'Union européenne et une gifle flanquée à la figure de ceux qui veulent aider la population afghane", a déclaré M. Kinkel. La justification de cette arrestation collective est "incroyable" et "infâme", a-t-il ajouté, et témoigne, selon lui, de "la compréhension grotesque du rôle de la femme par les talibans". Les autorités afghanes "n

e doivent pas s'étonner (...) de leur isolement sur la scène internationale", a insisté M. Kinkel, eu égard à "une telle attitude" face à des "personnalités de haut rang qui bénéficient de l'immunité" diplomatique. Mme Bonino, qui est en "mission humanitaire" en Afghanistan, a reçu les excuses des autorités afghanes après avoir été retenue à un poste de police de Kaboul, a indiqué un porte-parole de la Commission européenne à Bruxelles. La question féminine est un point essentiel de la visite du commissaire européen, qui est le plus haut responsable étranger à se rendre à Kaboul depuis que la ville est tombée aux mains des talibans il y a un an.