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Conferenza Emma Bonino
Partito Radicale Lapo - 5 ottobre 1999
LINGUE: "LIBERATION" ATTACCA PRODI

Quello che segue è l'articolo dell'importante quotidiano di sinistra "Libération" dedicato alle nomine degli alti funzionari UE presso la Commissione Europea.

In particolare il giornale francese sottolinea con durezza che nella consueta lottizzazione etnica questa volta gli inglesi (che peraltro sono fori dall'euro) hanno fatto, per usare un'espressione in questi giorni di moda nella politica italiana, gli assi pigliatutto.

Molto contestata è l'impostazione decisamente anglofona data alla Commissione dal suo primo presidente italiano. In particolare si fa notare come questa scelta sia iniqua (l'inglese essendo la lingua ufficiale di due soli stati) e sospetta (perché nel campo dell'aiuto allo sviluppo ed alla cooperazione internazionale privilegerebbe di fatto le ex colonie britanniche ai danni delle ex colonie francesi).

Segue un breve e duro attacco alla scelta del capo della Banca Europea (un francese) di svolgere la sua relazione al parlamento europeo in inglese.

GOD SAVE THE COMMISSION EUROPEENNE

Des Britanniques obtiennent des postes clés, la langue anglaise prévaut.

Par JEAN QUATREMER

Le mercredi 29 septembre 1999

Bruxelles (UE)

de notre correspondant

La Grande-Bretagne sera au c£ur de l'Europe, avait promis Tony Blair lors de son accession au pouvoir, en 1997. Deux ans plus tard, le Premier ministre britannique a au moins réussi à installer solidement ses troupes au c£ur de la Commission européenne, qui prend des allures d'annexe du Foreign Office. L'anglophilie galopante du président italien de l'exécutif bruxellois, Romano Prodi, et l'incapacité man£uvrière des autres capitales l'ont considérablement aidé dans cette véritable entreprise de noyautage. Et cette tendance à l'anglicisation n'en est qu'à ses débuts: la réforme de la Commission, institution calquée sur le modèle français, a été confiée à un Britannique, l'ancien leader travailliste Neil Kinnock, qui non seulement ne parle pas un mot de la langue de Molière mais n'a pas jugé bon de prendre un Français dans son équipe.

La liste des cabinets des vingt commissaires, rendue publique hier, est révélatrice. Elle montre que les Britanniques - qui n'ont pourtant que deux commissaires comme les quatre autres grands, l'Allemagne, l'Espagne, la France et l'Italie - ont réussi à s'emparer de trois postes de chef de cabinet (équivalent des directeurs de cabinet français) et de cinq postes d'adjoint. Soit huit postes de direction au total. Un record. Les Français, eux, n'ont qu'un fauteuil de "chef cab" (celui de Christine Roger, chez Michel Barnier, le commissaire français chargé des Aides régionales) et deux d'adjoint (chez les commissaires finlandais et irlandais). Les Allemands font à peine mieux avec un chef cab et trois adjoints, alors que les Espagnols obtiennent deux chefs cab et un adjoint, et les Italiens deux chefs cab et deux adjoints.

L'affaire est loin d'être anecdotique car les chefs cab sont les doublures des commissaires. Et même s'ils sont censés être indépendants de leur gouvernement, chacun reste imprégné de sa culture et est plus perméable aux "messages" de sa capitale. Le plus grave est que les Français sont écartés de plusieurs cabinets importants: les Britanniques Chris Patten, chargé des Relations extérieures, et Neil Kinnock n'ont pas de Français dans leur cabinet alors que Pascal Lamy (Commerce extérieur) et Michel Barnier ont nommé un chef de cabinet adjoint britannique... Aucun Français non plus chez Mario Monti, le commissaire à la Concurrence, ou encore chez Poul Nielson, le commissaire au Développement - qui ne parle d'ailleurs pas le français, ce qui va faciliter ses contacts avec l'Afrique francophone... Les Allemands, à défaut d'obtenir des postes de direction, ont à peu près réussi à être présents partout.

Ce déséquilibre au profit de la Grande-Bretagne est encore plus prononcé au service du porte-parole. "Avant l'arrivée de Prodi, l'air était français, avec quelques notes anglaises. Maintenant, c'est l'inverse", s'amuse une journaliste suisse. De fait, Ricardo Levi, le porte-parole de Prodi - "Call me Ricky", lance-t-il à ses interlocuteurs -, ne dissimule pas son anglophilie et privilégie l'anglais au détriment du français, les deux langues de la salle de presse, alors qu'il est censé les maîtriser toutes deux.

A la suite de remarques acerbes de journalistes du Sud, il a quelque peu rectifié le tir, notamment en nommant trois porte-parole français. Il n'en reste pas moins que Kinnock s'est opposé à la nomination d'un Français au poste de porte-parole adjoint, pour lui préférer un... Britannique. La salle de presse, elle-même, a été réaménagée à l'américaine, sur les conseils d'Alastair Campbell, le porte-parole de Blair, avec deux pupitres au lieu de l'ancienne table, jugée peu "télégénique".

L'affaire risque de se corser dans les jours à venir, notamment pour la France. En effet, Prodi prépare - dans la plus parfaite opacité - une grande rotation des directeurs généraux (DG), équivalent des directeurs d'administration centrale en France. Or la France - qui détient l'agriculture, le service juridique, le budget et les aspects financiers du développement - pourrait encore une fois être sévèrement étrillée. Car, comme elle ne peut pas prétendre obtenir le secteur des aides régionales (le commissaire est déjà français), elle risque de devoir se contenter de l'environnement ou de l'aide aux PME...

La Grande-Bretagne, comme on le soupçonne à Bruxelles, pourrait bien profiter de cette redistribution des rôles. Pas mal pour un pays qui a toujours été en marge de la construction européenne et qui n'est pas près de rejoindre l'euro.

Quand l'élite hexagonale méprise le français...

Quelle mouche a donc piqué Christian Noyer?

Lundi après-midi, le vice-président - français - de la Banque centrale européenne (BCE) était auditionné par la commission des Affaires monétaires du Parlement européen, à Bruxelles. Quelle ne fut pas la surprise des - rares - députés français présents de l'entendre s'exprimer en anglais alors que la traduction simultanée était disponible dans les onze langues de l'Union. Le vice-président de la Commission, le Français William Abitbol (groupe Pasqua-Villiers), s'étonna de cet accès d'anglophonie alors qu'un seul pays de la zone euro s'exprime en anglais, l'Irlande et ses quelque 4 millions d'habitants...

Plus sérieusement, l'eurodéputé s'est demandé si le dialogue avec les opinions publiques, que la BCE appelle de ses v£ux, aura uniquement lieu en anglais, ce qui promet.

En fait, Christian Noyer est représentatif de l'élite française: la quasi-totalité des fonctionnaires hexagonaux présents dans les institutions européennes a depuis longtemps rendu les armes face à la langue anglaise, au-delà des discours incantatoires sur la "défense du français".

J.Q.

 
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