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Conferenza Emma Bonino
Partito Radicale Maria Federica - 18 luglio 2000
HUMANITARIAN AFFAIR REVIEW
ESTATE 2000 - n 10

La situation au Kosovo reste explosive

De retour d'une mission parlementaire d'évaluation, Emma Bonino, député européen et ancien commissaire pour l'aide humanitaire, analyse la situation au Kosovo et les problèmes auxquels doivent faire les différents protagonistes.

Vous revenez d'une mission au Kosovo. Quel était l'objectif de cette mission et quelles en sont les conclusions ?

Cette mission, commanditée par les commissions du budget et des affaires étrangères du Parlement européen, visait à évaluer les besoins financiers du Kosovo pour l'année prochaine. Elle s'inscrit dans le contexte des divergences qui existent actuellement entre le Conseil, le Parlement et l Commission quant à l'enveloppe financière à octroyer à la région des Balkans pour l'année prochaine.

La Commission européenne prévoit d'octroyer un budget de 5,5 milliards d'euros à l'ensemble de la région, Serbie comprise. Mais le Conseil n'est pas d'accord, certains considérant en effet que les flux d'argent sont plus rapides que les capacités d'absorption. C'est peut-être vrai pour la Serbie mais certainement pas pour le Kosovo où la réorganisation de la société exige des flux financiers énormes.

Au cours de cette mission, nous avons visité et évaluée les projets de reconstruction de l'Agence européenne de reconstruction. Nos conclusions sont positives puisque nous avons constaté que les lecons de la Bosnie avaient été tirées. Une structure constituée d'experts, l'Agence européenne de reconstruction, a été créée sur place et évalue les besoins pour établir les priorités. L'Agence ne se disperse pas et se concentre sur de secteurs d'activités tels que l'agriculture, l'eau et l'électricité. Les délais sont encore parfois importants mais, dans l'ensemble, la situation a été jugée positive.

Le processus de paix du Kosovo est-il comparable au Plan Marshall ?

Pas de tout. Le Plan Marshall faisait partie d'un projet politique, la reconstruction de l'Europe, projet clair et accepté par toutes les parties. Or, au Kosovo, chaque partie a son propre projet politique. Le Kosovo est devenue le cour des tensions régionales et internationales.

Force est de reconnaître que la situation reste explosive et que le processus politique ne progresse plus. Bien entendu, une réelle réconciliation prendra des années mais les Serbes et les Kosovars devraient déjà réussir à cohabiter. Or, ils ne l'ont pas encore démontré et la question reste la même : quel est l'avenir de cette région ? Dans tout processus de paix, il y a des obstacles mais, au Kosovo, ils ont tendance à masquer tout progrès et à devenir la seule réalité.

Les faits sont là pour le prouver : il y a au Kosovo plus de 30.000 personnes chargées de la sécurité (gendarmerie, KFOR ) et nous avons toujours 2 attentats par jour. On peut bien entendu avancer que la coordination n'est pas optimale ou que chaque contingent obéit à sa capitale mais ce n'est pas suffisant pour justifier face à l'opinion internationale ce déchaînement de haine.

Finalement, ce n'est pas l'engagement financier qui pose problème mais le processus politique qui est en panne. Le principal défi à court terme reste le processus électoral du mois d'octobre. Or, à ce stade, les serbes n'accepte de s'engager dans le processus.

Face à tous ces défis, quelle est la fonction de l'UNMIK ?

Cette structure est tout à fait nouvelle. Dans le cas du Kosovo, contrairement à la Bosnie, il n'y a pas de gouvernement légitime. Ce n'est pas non plus un protectorat comme la Namibie. Le Kosovo n'est pas un Pays indépendant mais une province serbe dont le statut n'est pas clairement défini. La résolution 1244 du Conseil de Sécurité des nations Unies parle d'une autonomie substantielle mais ce terme peut être interprété de différentes manières.

Nous avons au Kosovo une multitude d'acteurs qui interviennent : l'OSCE pour les droits de l'homme, la KFOR pour l'aspect militaire et l'agence européenne de reconstruction pour la reconstruction. Au sommet, nous avons Kouchner et l'UNMIK qui agit comme un Etat qui doit reconstruire la base de la société. Le seul acteur qui m'échappe, c'est le Pacte de stabilité dont on ne comprend pas quelle est la véritable fonction.

L'UNMIK doit agir comme un Etat et réorganiser toute la société, du système judiciaire à l'administration. Elle doit gérer des dépenses qui s'apparentent à celles d'un Etat car une fois passée la phase de la reconstruction, des problèmes de financement gigantesques se posent. C'est le cas de la police par exemple. Les Etats ont promis d'envoyer des policiers mais ils arrivent au compte-gouttes. Parallèlement se pose la question des salaires. Où va-t-on trouver l'argent pour payer non seulement les fonctionnaires des organisations internationales mais aussi les locaux ?

Comment envisagez-vous l'évolution du Kosovo pour les prochains mois ?

Cela dépendra de la communauté internationale, si elle décide ou non de remettre le Kosovo en priorité sur l'agenda international. Après la nomination de Bernard Kouchner à la tête de la mission des nations Unies au Kosovo (UNMIK), elle a considéré que la situation était prise en mains et a parfois diminué son attention. Maintenant la proposition francaise d'un sommet à Zagreb en octobre, est de ce point de vue une bonne novelle.

Or, tout progrès amène avec lui de nouveaux problèmes et défis. Prenons l'exemple des écoles. Elles ont été reconstruites mais s'ouvrent maintenant deux dossiers difficiles, l'enseignement et le question du multilinguisme, d'une part, et l'équipement, d'autre part. Sans oublier qu'il faut payer et former le personnel.

 
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