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Federalismo Servizio - 5 settembre 1994
VOULANT LIMITER A CINQ PAYS LE "NOYAU DUR" DE L'UNION
LE PARTI D'HELMUT KOHL OUVRE UNE VIVE POLEMIQUE EN EUROPE

par José-Alain Fralon

SOMMAIRE: En prônant une Europe à géométrie variable dont le

noyau dur serait constitué par les six membres fondateurs de la Communauté à l'exception de l'Italie, les responsables parlementaires du parti chrétien-démocrate allemand (CDU), que préside le chancelier Helmut Kohl, ont soulevé une vive polémique. Le ministre allemand des affaires étrangères, le libéral Klaus Kinkel, a vigoureusement réagi contre cette conception, de même que son homologue italien, qui l'estime inadmissible.

(Le Monde, 5-9-94)

L'idée, séduisante au premier abord, d'une Europe à géométrie variable où chaque pays pourrait choisir, à la carte, les politiques qu'il souhaite mener en commun avec ses partenaires redevient donc d'actualité. Après les déclarations, mardi 30 août, d'Edouard Balladur, voilà que les responsables parlementaires du Parti chrétien-démocrate allemand (le Monde du 3 septembre), dans un document présenté jeudi 11 septembre, se prononcent, aussi, pour cette solution. Une question, parmi tant

d'autres, se pose quant à la forme que pourrait prendre cette future communauté : quels pays seront désireux (ou aptes) de faire partie du noyau dur , du moteur, si l'on s'en tient à un vocabulaire aéronautique, de cette construction ? Quels pays joueront le jeu à fond, c'est-à-dire participeront à toutes les initiatives communes ? Si, pour des raisons diplomatiques évidentes le premier ministre français, comme la plupart de ceux qui prônent cette méthode, se gardent bien de citer des noms, les chrétiens-démocrates allemands n'ont pas eu cette pudeur. En le faisant, ils ont jeté un beau pavé dans la mare.

Pour les chrétiens-démocrates allemands, il appartient aux pays

fondateurs de la Communauté, et à eux seuls, en renforcant leur

cohésion dans tous les domaines, de jouer ce rôle moteur.

Les Six, donc, mais avec une exception de taille: l'Italie. Ce qui réduit ce noyau dur au couple franco-allemand et aux trois pays du Benelux. Voilà donc le pays d'Alcide De Gasperi, d'Altiero Spinelli ou des premiers eurocommunistes - sans aller jusqu'aux maîtres de la Renaissance -, voilà donc un pays dont les gouvernements ont toujours fait de la construction européenne l'axe obligé de leur diplomatie renvoyé sur le banc des mauvais élèves. En série B , comme le titrait, samedi, La Repubblica. Inacceptable , renchérissait, dans les mêmes colonnes, Antonio Martino, le ministre des affaires étrangères.

Zone de turbulences

Certes, ce document n'a pas de valeur officielle et, déjà, le ministre des affaires étrangères libéral, Klaus Kinkel, en a catégoriquement rejeté les principales thèses (lire ci-dessus l'article de notre correspondant à Bonn). Il reste qu'une telle prise de position du parti le plus fort du plus puissant pays d'Europe, préparée sous la houlette de Wolfgang Schäube, dauphin présumé d'Helmut Kohl, ne peut laisser indifférent à un momentoù l'Europe se cherche et où l'Italie traverse une forte zone de turbulences. Cette mise à l'écart est d'abord un camouflet à l'égard de Silvio Berlusconi. Si, dans son pays, le nouveau président italien a bâti une partie de sa popularité sur les décombres de la Démocratie chrétienne, il aurait bien aimé, sur la scène internationale et notamment européenne, en assumer l'héritage. Témoin les efforts qu'il déploie, pour le moment en pure perte, pour que les parlementaires italiens élus sous l'étiquette de Forza Italia puissent adhérer au groupe démocrate-chrétien de l'assemblée

de Strasbourg. Derrière Berlusconi, c'est, aussi, l'Italie toute entière qui est ainsi mise sur la touche, sans que les chrétiens-démocrates allemands disent exactement pourquoi : laxisme dans sa politique économique? Risque trop grand de désintégration régionale ? Hypertrophie de l'économie parallèle ?... A certains égards, notamment si l'on considère l'implosion de l'Etat central ou encore le volume de la dette extérieure, un pays comme la Belgique pourrait, lui aussi, être exclu de la cour d'honneur européenne. D'un autre côté, on voit mal pourquoi l'Autriche ou la Suède, avant même d'entrer officiellement dans l'Union européenne, seraient exclues d'avance de ce fameux noyau dur. Et pourquoi l'Espagne, qui, en dépit de ses difficultés actuelles, a fait un effort considérable pour rompre définitivement avec toutes les séquelles du franquisme et arrimer son économie à celles de ses partenaires des Douze, dont le gouvernement est parmi les plus actifs au sein de l'Union, serait-elle, elle aussi, mise à l

'écart ? Ecarte-t-on le Portugal, pourtant considéré comme un des élèves les plus studieux de la classe, pour la seule raison qu'il n'est pas encore assez riche ? Soyons francs : pour le moment, seuls deux pays parmi les Douze méritent ce carton jaune qui pourrait les exclure de certaines politiques : la Grande Bretagne tout simplement parce qu'elle n'en veut pas, et la Grèce qui, prise dans l'inextricable imbroglio balkanique, se livre à une surenchère nationaliste de moins en moins compatible avec le savoir-vivre européen. Les Italiens peuvent donc se consoler: à l'exception de la France, considérée par les chrétiens-démocrates allemands comme le partenaire obligé, et, dans une moindre mesure, de la Belgique francophone, les autres pays choisis pour entrer dans l'élite européenne font déjà, peu ou prou, partie de la zone d'influence économique privilégiée de l'Allemagne. Les responsables du parti d'Helmut Kohl ont, certes, eu le mérite de la franchise mais ils en ont oublié au passage que l'Europe ét

ait, aussi, affaire de nuances, de diversités et que leur noyau dur ressemblait un peu trop à celui d'une bombe à neutrons, capable de tout faire exploser.

JOSÉ-ALAIN FRALON

 
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