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Federalismo Servizio - 9 settembre 1994
UNION EUROPEENNE. IMPORTANT DEBAT SUR L'AVENIR DE L'UNION
HELMUT KOHL SE DISTANCIE D'UNE EUROPE A DEUX VITESSES

par Lucas Delattre

(Journal de Genève, 7-7-94)

Le chancelier allemand Helmut Kohl a pris hier ses distances avec les propositions de son parti, l'Union chrétienne-démocrate, (CDU), sur la constitution d'un »noyau dur de cinq pays au sein de l'Union européenne. Son porte-parole, Dieter Vogel a déclaré à la presse que le chancelier avait eu une conversation téléphonique avec le président du Conseil italien Silvio Berlusconi et avait expliqué qu'il n'avait pas approuvé ce document, qui »n'a pas reçu l'approbation du gouvernement. Il s'agit d'un document que le groupe parlementaire de la CDU a adopté de sa propre initiative. Il sera étudié et comparé avec d'autres propositions et à la fin, c'est le gouvernement qui décidera , a souligné Dieter Vogel.

Cette mise au point du chancelier fait suite à la présentation d'une idée que, depuis quelques mois déjà, l'on évoquait sans trop oser en parler ouvertement: l'»Europe à deux vitesses ou »à géométrie variable vient de faire un retour en force à l'initiative des chrétiens-démocrates allemands. Le document de travail présenté jeudi dernier par les responsables parlementaires de la CDU au Bundestag a provoqué un débat de grande envergure dans la plupart des capitales européennes.

Pour la première fois, ce texte intitulé »Réflexions sur la politique européenne envisage de mettre en place un »noyau dur de cinq pays désignés nommément, et appelés à réaliser une intégration à marches forcées sans plus attendre les retardataires: (comme l'Italie, l'Espagne, le Portugal ou la Grèce) ou les récalcitrants (la Grande-Bretagne). De manière étonnante, l'Italie, membre fondateur de la communauté, ne figure pas dans un cercle où seraient réunis les trois pays du Benelux, l'Allemagne et la France.

Evolution inquiétante

Ces réflexions rejoignent celles des gouvernants français et en particulier du Premier ministre Edouard Balladur, qui s'exprimait récemment en ce sens dans une interview au »Figaro , et en parlant, pour sa part, d'une »Europe à plusieurs cercles . Ces idées sont inspirées par la constatation que l'Europe traverse une »évolution inquiétante avec une »divergence croissante des intérêts des pays membres , la croissance du chômage et du nationalisme.

Les dirigeants du gouvernement de Bonn ne considèrent-ils pas que ces propositions, émanant du plus grand parti de la coalition au pouvoir, expriment la "ligne" officielle. En fait, il existe une réelle dissension entre la CDU du chancelier Kohl, et le Parti libéral FDP dirigé par l'actuel ministre des Affaires étrangères, Klaus Kinkel. Ce damier, dans un communiqué publié vendredi 2 septembre, a vigoureusement condamné les thèses de ses partenaires chrétiens-démocrates, en disant: »Oui à une Europe forte et capable d'agir. Mais celle-ci ne doit pas se limiter à un petit groupe d'Etats au sein de l'Union européenne .

Débat historique

Il est rare que les grands partis politiques allemands soient en désaccord sur les questions européennes. C'est dire combien le débat lancé par la CDU/CSU revêt un enjeu important, historique même. A l'approche de la conférence intergouvernementale de 1996, qui devra définir l'architecture de l'Europe postmaastrichtienne, les options, qui se présentent opposent quantité de scénarios possibles, qui vont d'une Europe transformée en vase zone de libre-échange (la formule souhaitée par les Britanniques) à une Europe solidement intégrée, mais autour d'un petit nombre de membres seuls capables, notamment, de remplir les critères de stabilité nécessaires à l'union monétaire.

Pour les Allemands, l'»approfondissement et l'»élargissement n'ont jamais été conçus comme des objectifs contradictoires. Il s'avère aujourd'hui qu'à l'épreuve des faits, les chrétiens-démocrates prennent conscience qu'une poursuite de l'intégration européenne ne pourra se faire rapidement qu'à l'échelle réduite de cinq pays-membres, même s'ils se défendent de vouloir mettre en place un quelconque club fermé. Ils proposent d'offrir une »perspective d'intégration rapide aux pays réformateurs d'Europe centrale et orientale (Hongrie, République tchèque, Slovaquie, Pologne), tout en affirmant que de »longues périodes de transition seront nécessaires pour faire participer certains secteurs de leur économie (et en particulier l'agriculture) aux règlements communautaires.

Du côté du Ministère des affaires étrangères, on continue de penser qu'élargissement et approfondissement vont de pair, et qu'une vaste Europe baignée au nord par la Baltique et au sud par la Méditerranée possédera les capacités d'affirmer son poids dans le monde en parlant d'une seule voix. L'Europe, selon Klaus Kinkel, ne doit pas posséder de »noyau dur à caractère exclusif, même s'il est le premier à parler, quand l'occasion se présente, d'un nécessaire »rôle-moteur de la France et de l'Allemagne en Europe, et qu'il est partisan du renforcement de l'intégration des pays »qui veulent aller plus vite que les autres .

Lucas DELATTRE

 
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