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Federalismo Servizio - 9 settembre 1994
UNION EUROPEENNE. KOHL SOUTIENT SON PARTI SUR L'EUROPE.
par Fabrice Rousselot et Lorraine Millot

SOMMAIRE: Le chancelier allemand a défendu hier le plaidoyer chrétien-démocrate pour une "Europe à plusieurs vitesses". Un texte contesté par Balladur et Major.

(Libération, 8-9-94)

Sommé de se prononcer sur l'Europe »à géométrie variable proposée par son parti chrétien-démocrate, le chancelier Kohl a pris sa défense hier, tout en restant au niveau de prudentes généralités. A l'appui d'une Europe à plusieurs vitesses, Kohl a déclaré, devant le Bundestag, réuni pour le débat budgétaire. »En aucun cas nous ne voulons que le navire le plus lent stoppe le convoi du développement européen. Nous voulons aller de l'avant. Comme exemple concret de ce qui, par le passé, a pu ralentir l'Europe, Kohl rappelle avoir » encore à l'oreille maintes » confrontations avec sa collègue britannique Margaret Thatcher et ses voeux de » zone de libre-échange améliorée

A son » dauphin Wolfgang Schäuble, cloué au pilori international depuis qu'il a présenté le document nommant la France, l'Allemagne et le Benelux comme seuls éligibles au » noyau européen, Kohl décerne même un certificat de bon Européen, de la bouche duquel on peut » chaque jour entendre cinq fois la phrase d'Adenauer: " L'unité allemande et l'unification européenne sont deux faces d'une même médaille" . La seule critique que le chancelier glisse à l'égard du document CDU est une formulation qui, d'un point de vue » diplomatique , n'était peut-être pas » au summum de la sagesse . Soumis, lui-même, à cette retenue diplomatique, le chancelier a pour sa part évité l'expression

» géométrie variable , et surtout toute précision des pays habilités à composer le » noyau européen, l'élément qui avait le plus révolté les exclus. » Disons que le chancelier ne se distancie pas du texte, mais ne le reprend pas non plus à son compte , expliquait hier le porte-parole du gouvernement Dieter Vogel.

Ces demi-tons de la chancellerie, qui a reconnu avoir été informée avant l'été de la préparation du document et avoir suggéré certaines modifications, confirment qu'il s'agit bien d'un » ballon d'essai , que le chancelier ne peut diplomatiquernent pas entièrement assumer, mais qui est loin de lui être étranger. » L'idée de base du texte Schäuble, que les règles du jeu actuelles ne peuvent assurer un fonctionnement efficace d'une Europe sans cesse élargie, est partagée par beaucoup, chancelier inclu, et fait même son chemin au ministère des Affaires étrangères , estime un diplomate allemand. Le ministre Klaus Kinkel a toutefois réitéré hier son refus catégorique d'une Europe divisée en » première et seconde classes .

En France, Edouard Balladur, premier à avoir prôné la semaine dernière l'organisation de l'Europe en » trois cercles de pays plus ou moins intégrés, et de ce fait cité comme » référence par les chrétiens-démocrates allemands, a aussi précisé hier que ses conceptions européennes ont » peu à voir avec celles de la CDU. » Il ne s'agit pas d'exclure qui que ce soit et de fixer en quelque sorte urbi et orbi les bons élèves de toutes les matières et les mauvais dans les autres , a rapporté le porte-parole du gouvernement Nicolas Sarkozy.

Invité hier par l'université néerlandaise de Leiden à définir sa vision de l'Europe, le Premier ministre, britannique John Major a, lui, réfuté toute notion d'» Europe à deux vitesses et déclaré » voir un réel danger, lorsque certains évoquent des cercles extérieurs et intérieurs (au sein de la Communauté) , prévenant des » divisions, préjudiciables qui pourraient en découler .

Reflétant la crainte, exprimée depuis toujours outre-Manche, de voir l'alliance franco-allemande » dominer la Communauté , le Premier ministre britannique a souligné que » choisir de ne pas participer (à l'intégration européenne) était une chose, mais que d'en être empêché en était une autre . Une attaque directe contre Paris et Bonn, mais qui témoigne aussi de l'exercice difficile auquel s'est livré le locataire du 10, Downing Street. Lors des récentes élections européennes, sous la pression des députés eurosceptiques, il s'était en effet déclaré lui-même favorable à » une Europe à plusieurs vitesses, dans laquelle chacun avance à sa propre cadence . Soucieux notamment de montrer à sa frange europhobe que la Grande-Bretagne était bien décidée à ne pas se rallier à la monnaie unique ou au chapitre social.

Cette fois, cependant, devant le danger d'être » laissé à la traîne , John Major se devait de réagir. Depuis plusieurs jours déjà, les députés de son parti, tant pro-européens qu'eurosceptiques, lui avaient intimé de mettre son veto aux propositions franco-allemandes. Jouant sur les mots, le Premier ministre a donc parlé hier de » flexibilité et de diversité.. dans une Europe où certains Etats s'intègrent plus que d'autres dans certains domaines , tout en rejetant » toute exclusion . » La manière dont l'Union se développe doit être acceptable pour tous les Etats membres , a-t-il insisté. Comme pour rappeler une dernière fois, que, malgré les » réticences européennes de Londres, la Communauté ne pouvait pas se faire sans la Grande-Bretagne.

Fabrice ROUSSELOT (à Londres) et Lorraine MILLOT

 
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