La mort du directeur de l'Agence Europe
Le Monde, samedi 10 septembre 1994
Voilà que, déjà, il nous manque. Alors que les chrétiens-démocrates allemands ont jeté un beau pavé dans la mare en proposant la création d'un noyau dur européen, et en excluant l'Italie, on aimerait savoir ce que lui, Emanuele Gazzo, européen par conviction et italien par élégance, aurait pensé de cette nouvelle péripétie d'une construction européenne qu'il a accompagnée de ses commentaires depuis 1953. La mort, le 25 aout dernier (Le Monde du 31 aout), du directeur de l'Agence Europe, bible, quotidienne et obligée, de tous ceux qui suivaient l'actualité communautaire, laisse en effet un grand vide. Dans ses éditoriaux quotidiens, Gazzo défendait en effet avec passion et pugnacité sa vision d'une Europe fédérale. En mars 1994, lors d'une cérémonie solennelle, le mouvement européen lui avait rendu hommage et Valéry Giscard d'Estaing avait fait l'éloge de son oeuvre alors que Jacques Delors lui avait, symboliquement, remis un écu en d'or.
"Par sa rigueur morale, son éthique de journaliste, par la profondeur et la constance de son engagement européen, il était, depuis de longues années, l'une des voix les plus respectées et les plus écoutées en Europe", a déclaré le président de la Commission de Bruxelles à l'annonce du décès d'Emanuele Gazzo.
J.-A.F.