MULTIPLIENT - DECLARATIONS DU PRESIDENT DU PARLEMENT EUROPEENET DU PRESIDENT DE LA FONDATION JEAN MONNET
(Agence Europe, 3-9-94)
Après la disparition d'Emanuele Gazzo (voir EUROPE du 26 août, P- 1), les témoignages de sympathie à sa famille et à l'Agence EUROPE, ainsi que les hommages à son action en faveur de l'intégration européenne, se sont multipliés. En même temps, des initiatives ont été annoncées visant soit à organiser des manifestations à sa mémoire, soit à préparer un volume reprenant-une partie de ses éditoriaux et analysant leur impact.
L'Agence EUROPE se trouve dans l'impossibilité de répondre individuellement à tous ceux qui lui ont exprimé leur sympathie: représentants des Institutions, chefs des missions de pays tiers, parlementaires européens, le Premier ministre espagnol, M. Gonzalez, des représentants d'organisations professionnelles, pour ne citer qu'eux. L'Agence EUROPE est reconnaissante à tous, aussi bien pour les marques de sympathie que pour les encouragements à poursuivre son oeuvre.
Ainsi que nous l'avons fait pour les déclarations de Jacques Delors, du Mouvement Européen et du gouvernement luxembourgeois (voir EUROPE du 27 août, p.1), nous reproduisons d'autres déclarations qui n'ont pas exclusivement un caractère privé et qui ont été diffusées par leurs auteurs.
Le président du Parlement européen Klaus Hänsch a déclaré: "L'Europe perd un grand visionnaire, une voix souvent incommode, qui nous a inlassablement mis en garde, qui a défendu l'unification européenne, l'élargissement et l'approfondissement de l'Union, sa démocratisation et sa transparence. Notre Union, toute l'Europe doit faire face à des années décisives. En tant que président nouvellement élu du Parlement européen, je regrette profondément de ne plus pouvoir être accompagné de façon critique par Emanuele Gazzo, ce fervent démocrate européen, commentateur et brillant défenseur du Parlement européen. Nous n'avons pas besoin, dans la nouvelle Europe, d'un nouveau nationalisme, qui ne serait rien d'autre que l'ancien. Dans notre Union européenne, nous avons encore davantage besoin de solidarité entre les Etats et les peuples. Face aux défis de la fin de ce siècle, nous n'avons pas besoin de moins, mais de plus de solidarité en Europe. Emanuele Gazzo le savait et il s'est admirablement battu pour cela, avec
son coeur, sa plume, et son intelligence aiguë. Emanuele Gazzo va nous manquer."
Le président de la Fondation Jean Monnet pour l'Europe, M. Henri Rieben, nous a écrit en évoquant les relations entre Jean Monnet et Emanuele Gazzo:
"Au printemps 1953, le président de la Haute Autorité de la CECA lui avait demandé de venir le voir à son bureau de la Place de Metz, à Luxembourg. Il lui avait dit combien la publication prématurée d'informations d'importance pouvait gêner le travail de la Haute Autorité. Emanuele Gazzo avait soutenu que le devoir d'un joumaliste comme lui était de faire comprendre à l'opinion publique, au moment où se bâtissaient des institutions et une Communauté sans précédent, que celles-ci étaient la première étape d'une Fédération européenne à vocation démocratique et non une quelconque technocratie travaillant dans le secret. Le regard de Jean Monnet avait alors pétillé malicieusement et douze ans plus tard, il avait tenu à se souvenir de ce dialogue et à donner raison au fondateur de l'Agence EUROPE."