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Conferenza Federalismo
Federalismo Servizio - 13 settembre 1994
EXTRAIT DE LA SECONDE PARTIE DE L'ENTRETIEN DE FRANCOIS MITTERRAND AVEC "LE FIGARO".
(Le Figaro, 9-9-94)

Le Figaro. - Autre embarras pour nous : l'élargissement de l'Europe, alors que l'Allemagne pèse de plus en plus lourd...

François Mitterrand. - L'Allemagne existe. Elle représente un grand peuple en mouvement. Il se trouve que nous sommes son voisin. Ce voisinage n'a pas été facile. Depuis Bouvines, au XIIIe siècle, nous avons été confrontés à cette réalité. Il me semble que ça suffit ! Mieux vaut s'entendre, ce que nous faisons en construisant l'Europe !

Le F. - Justement. Ce qui s'est passé entre Helmut Kohl et vous a été tout à fait exceptionnel. Votre amitié a permis de consolider ce qu'on appelle, en Europe, l'"axe franco-allemand". tes-vous inquiet pour la suite?

F. M. - Ce qui s'est passé entre Helmut Kohl et moi a permis de régler ce qu'on appelait les contentieux européens... En 1984, quand j'ai assuré ma première présidence du conseil européen, il y en avait dix-sept ! Après quoi, nous avons affronté ensemble d'autres difficùltés. D'abord, lors de la négociation du Marché unique en 1985, la Grande-Brelagne de Mme Thatcher s'est battue avec acharnement pour en retarder l'échéance. Nous y sommes quand même arrivés sur les bases que nous avions souhaitées. Ensuite, lors de la négociation du traité de Maastricht, en 1991. M. Major nous a finalement donné son accord. Sauf sur l'Europe sociale. Mais nous la ferons, avec ou sans les Britanniques.

Le. F. - Plusieurs hommes d'État français et allemands ont fait avancer en couple les relations entre nos pays, de Gaulle-Adenauer, Giscard-Schmidt et, enfin, Mitterrand-Kohl...

F. M. - C'est bien la preuve que cette amitié franco-allemande répond à une nécessité historique.

Le F. - Tant qu'il y a des hommes qui s'entendent au sommet, ça peut marcher. Mais êtes-vous inquiet pour la suite ?

F. M. - Tout peut toujours arriver. C'est pourquoi je crois à la force des institutions. Il faut traduire institutionnellement, pour les fixer, les intentions politiques. Bien sûr, il y aura des crises. Willy Brandt m'a dit un jour : » Il y a eu, un chancelier pour l'Ouest. Ça été Adenauer. Il y a un chancelier pour l'Est. Moi. Il y aura bientôt un chancelier pour l'Allemagne et pour elle seule. Mais il était peut-être trop pessimiste... Schmidt et Kohl ont démenti cette prévision.

Le F. - On a le sentiment que vous n'avez pas tout à fait la même vision de l'Allemagne que le premier ministre. Est-ce seulement une impression d'optique ?

F. M. - Le premier ministre a d'abord marché sur des oeufs. Mais il agit avec vigueur et esprit d'initiative. La politique franco-allemande continue.

Le F. - Approuvez-vous son schéma d'Europe à géométrie variable ?

F. M. - C'est une expression déjà ancienne. Je ne sais pas très bien ce qu'elle veut dire, ou, si, je comprends, elle m'inquiète. Qu'il y ait des disparités sur notre continent, c'est l'évidence. Déjà, à l'intérieur de l'Union européenne, vous avez des pays - l'Irlande, la Grèce et le Portugal - dont le niveau de vie est très inférieur à celui des autres. Ailleurs - par exemple en Italie, ou en Espagne -, vous avez des regions pauvres qui représentent une charge lourde pour la Communauté.

Je crains qu'il y ait, dans ce schéma, une certaine confusion et un certain immobilisme. Or la construction européenne est une dynamique. J'ai moi-même appelé - notamment en 1989 - à une nouvelle théorie des ensembles pour l'Europe. D'abord la Communauté, l'Union européenne, à laquelle peuvent adhérer les pays capables d'en supporter les contraintes économiques et politiques. Ils ne sont pas nombreux, mais, avec le temps, d'autres les rejoindront. Plusieurs pays européens auront besoin de réussir leur développement, avec le concours de la Communauté, et de parfaire, si besoin est, leur démocratie. Les situations sont très variables. Je continue de penser que devrait être créée, en plus de la Communauté, une structure où se retrouveraient, avec ceux de l'Union européenne, tous les pays démocratiques de l'Europe. Ils parieraient de leurs intérêts communs, qui sont nombreux, et ils s'habitueraient à vivre ensemble. C'est pourquoi j'avais parlé de confédération européenne. Mais ne touchons pas à l'Europe

des Douze à partir de laquelle tout se fera.

Le F. - Ce sont les pays de l'Est que vous laissez à la porte...

F. M. - On a dit, par dérision, que je voulais une Europe des riches et une Europe des pauvres ! C'est exactement le contraire. Je ne fais que constater la réalité : l'impossibilité de certains pays, notamment ceux qui paient encore la note du désastre communiste, d'adhérer rapidement à l'Union européenne. S'ils entraient dès aujourd'hui dans le Marché unique, ils se feraient dévorer économiquement par les capitaux étrangers.

N'oubliez pas non plus que, sur les douze actuels de l'Union européenne, trois pays seulement sont contributeurs nets, c'est-à-dire qu'ils donnent plus à l'Europe qu'ils n'en reçoivent : l'Allemagne, la Grande-Bretagne et la France. On ne peut pas demander à nos Parlements ni à nos contribuables d'augmenter indéfiniment leur participation financière.

Le F. - Et la Russie ? Où la mettez-vous ? Dans le troisième cercle, avec ceux qui ne peuvent pas entrer dans l'Union européenne ?

F. M. - La Russie a vocation, si elle le désire et si elle remplit les conditions, à participer pleinement à l'organisation européenne.

Le F. - Est-ce qu'on n'a pas été trop pessimiste sur l'évolution de la Russie ?

F. M. - Vous avez raison... Mais, après soixante-dix ans de communisme, les dégâts sont considérables, il faudra beaucoup d'efforts avant qu'ils soient réparés.

Le F. - Où en est-on de l'application du traité de Maastricht ?

F. M. - Contrairement à ce qu'on dit, Maastricht s'applique tous les jours. Les pays qui demandent aujourd'hui à entrer dans l'Union doivent se soumettre aux règles du traité, même si l'on peut admettre, comme on l'a déjà fait, des dérogations provisoires.

Le F. - Pourra-t-on respecter les échéances fixées à Maastricht pour l'Union économique et monétaire ?

F. M. - La crise monétaire n'a pas abouti au désordre que l'on pouvait redouter. Je continue de croire que l'Union monétaire est réalisable entre 1997 et 1999.

 
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