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Partito Radicale Olivier - 25 settembre 1994
Document CDU: interview de Schauble

Le débat sur l'Europe a deux vitesses

"LA FRANCE DOIT ASSUMER SES RESPONSABILITES"

SOMMAIRE. Pour Wolfgang Schauble, président du groupe parlementaire CDU-CSU au Bundestag et coauteur du texte sur la politique européenne, "les Etats membres les plus avancés doivent agir comme un véritable champ magnétique". Propos recueillis par Henri de Bresson. Le Monde, Espace européen, samedi 24 septembre 1994.

- "Le mémorandum de la CDU sur la constitution d'un noyau dur dans l'Union Européenne a suscité beaucoup de remous. Le moment était-il bien choisi ?

- A notre avis la situation de l'Union Européenne est critique. Il est donc nécessaire que nous en parlions et que nous nous mettions d'accord sur ce qu'il faut faire. Il faut maintenant faire le forcing pour que l'Union Européenne progresse. Et nous estimons qu'il n'est pas contradictoire de vouloir l'approfondissement et l'élargissement à l'Est.

- Avez-vous été étonné des réactions ?

- Nous avions espérer des contreverses. Nous avions pour objectif de faire réfléchir sur la politique européenne. Nous voulions provoquer une discussion. L'écho dépasse un peu ce que nous avions prévu, mais je suis plutôt satisfait. Cela ne veut cependant pas dire que nous soyons seuls à avoir raison.

- Est-ce que les critiques vous amènent à modifier vos propositions ?

- Non. Les critiques que j'ai entendues jusqu'ici ne m'ont pas convaincu. Que disons-nous ? Premièrement que si on ne progresse pas rapidement dans l'intégration européenne, le danger est le retour en arrière, aussi bien en ce qui concerne l'évolution interne de l'UE que la stabilisation des pays de l'est et du sud de l'Europe. Ensuite, nous essayons de montrer qu'apres la réunification, nous voulons fermement ancrer l'Allemagne dans l'intégration européenne, de manière que quoiqu'il arrive à l'avenir, il n'y ait pas de danger de cavalier seul. Pour nos partenaires européens, et particulierement pour les Français, c'est positif d'entendre les Allemands vouloir être sûrs qu'il n'y aura plus de voie particulière, de Sonderweg, de confrontation sous quelque forme que ce soit.

- Etes-vous donc inquiets de voir en Allemagne "la nouvelle droite" gagner en influence ?

- A l'heure actuelle, parmi ceux qui assument en Allemagne des responsabilités politiques, aussi bien dans les partis de la coalition, à la CDU-CSU - et pas seulement le chancelier dont tout le monde sait ce qu'il pense -, au Parti libéral, que les dirigeants du SPD, personne ne veut rompre avec l'intégration européenne et revenir en arrière. Mais si l'Europe ne parvient à approfondir cette intégration, si elle devait échouer à effacer les conséquences de Yalta, alors il est possible qu'on aboutisse à une situation où, indépendamment de ce que les responsables veulent, il y ait un danger. Il faut créer les structures qui écartent ce danger.

- Votre mémorandum contient quelques critiques à l'égard de la France, priée de manifester plus clairement sa volonté d'intégration ?

- Nous ne critiquons pas la France, nous faisons appel à elle!

- Vous êtes quand même un peu critique ?

- Le document est un plaidoyer pour que la France assume sa responsabilité de leader dans le processus d'intégration européenne. Un plaidoyer en faveur de la coopération franco-allemande qui reste décisive. Nous essayons de faire comprendre que nous ne sommes pas intéressés par une domination allemande en Europe.

- Avez-vous l'impression qu'avec la majorité actuelle en France, c'est moins facile qu'avec M.Mitterrand ?

- Un bon ami français m'a dit que nous n'avions peut-être pas assez mesuré l'effet que notre document pouvait avoir sur la situation politique, en raison du débat sur les candidatures à l'élection présidentielle. Je veux donc rester prudent et respecter à cet égard le devoir de réserve dû à l'amitié franco-allemande.

- N'avez-vous pas le sentiment, indépendamment des couleurs politiques, de ne pas être compris par une partie de la société française ?

- Non, je n'ai pas ce sentiment. Je trouve au contraire très positif qu'entre la France et l'Allemagne on ne se sente plus tenu aux demi-teintes diplomatiques et qu'on puisse avoir une discussion politique de fond. Il y a en Allemagne des responsables politiques qui sont de mon avis, d'autres non, et il y a en France des gens qui sont pour, d'autres contre. Je trouve cela très bien. Nous cherchons un soutien en France pour renforcer l'intégration politique au sein de l'Union européenne. Nous pensons que c'est aussi l'intérêt de la France et qu'il est juste d'un point de vue européen de jouer cette carte. En tout cas nous, les Allemands, nous y sommes prêts.

- Les hésitations des Français vous inquiètent-elles ?

- Nous tiendrions une attitude hésitante, si cela devait être le cas, pour une erreur. Ce n'est pas ce que je constate en ce moment. En France, une majorité a voté en faveur du traité de Maastricht, au delà des prévisions partisanes, derrière François Mitterrand, mais aussi derrière un important courant des partis de droite. Je ne sais pas du tout si nous aurions pu à l'époque obtenir cette majorité en Allemagne en cas de référendum. J'ai donc beaucoup de respect pour la capacité qu'a eue la France de mener ce débat difficile de manière offensive. Qu'il y ait maintenant des réflexions tactiques avant l'élection présidentielle, c'est normal. Je n'ai pas à le critiquer. Mais je reste convaincu qu'il serait erroné pour la France d'hésiter, et c'est la raison pour laquelle nous demandons avec insistance qu'on aille de l'avant.

- Compte tenu du poids de l'Allemagne, le "moteur" franco-allemand peut-il fonctionner comme avant ?

- Il y a une inquiétude en France, et on le ressent en Allemagne, qu'en raison de la réunification, des changements en Europe, l'importance relative de l'Allemagne augmente. Notre réponse est claire: nous ne voulons pas d'une domination allemande, ou d'un cavalier seul allemand. Nous voulons que cette Allemagne prenne sa place dans une structure européenne. Et c'est pourquoi nous avons besoin d'un approfondissement qualitatif de la Communauté, de l'Union économique et monétaire mais aussi de progrès vers l'Union politique. Peut-être perçoit-on plus immédiatement en Allemagne qu'en France l'utilité de cette unification européenne pour stabiliser l'ensemble de l'Europe. Un fossé entre l'Est et l'Ouest ferait éclater l'Europe. Ce serait une erreur.

"En tout cas, on ne réalisera pas cette unification européenne sans une étroite coopération entre la France et l'Allemagne. Il n'y a qu'à regarder l'histoire, la géographie. La France et l'Allemagne doivent rester le moteur de l'unification européenne. Si d'autres veulent participer à ce travail, nous ne sommes pas contre.

- N'est-il pas inévitable qu'il y ait un déséquilibre entre la France et l'Allemagne ?

- La France a aussi ses points forts. Elle est membre permanent du Conseil de sécurité des Nations-unies, elle a un rôle très différent en Méditérrannée, en Afrique. Je crois que les atouts différents qu'ont la France et l'Allemagne se complètent bien. Je ne pense pas qu'on puisse parler de concurrence. Nous avons écouté avec attention les voix qui en France, au moment de la réunification, nous disaient que l'Allemagne, parce qu'elle était un pays important au centre de l'Europe, devait prendre ses responsabilités; que plus nous serions "normaux", plus nous serions fiables pour nos partenaires. C'est une idée que je défends en Allemagne. Je pense que c'est la base la plus sûre pour des relations raisonnables.

- Qu'est-ce que ce noyau dur dont parle le document, une entité politique, géographique ?

- Il y a peut-être un malentendu dans cette idée de noyau dur. L'image que nous nous en faisons est celle d'un champ magnétique. Nous ne voulons rejeter personne. Mais parce qu'il est important de progresser dans l'unification européenne, il faut que ce noyau rassemble ceux qui sont prêts et en mesure d'avancer, d'assumer un rôle moteur. Il ne s'agit pas de rejeter les autres, mais d'exercer sur eux une attraction, de les encourager à poursuivre sur la voie de l'unification. Ce noyau dur doit avoir un effet d'entrainement. Quand nous essayons de voir quels pays peuvent aujourd'hui assumer ce rôle, ce qui est certes un exercice perilleux, nous trouvons à côté de la France et de l'Allemagne les pays du Benelux. Mais il ne s'agit pas de laisser de côté l'Espagne ou l'Italie. Au contraire. Si l'Espagne veut prendre sa part, si l'Italie le veut et le peut, c'est encore mieux. J'ai récemment dit à un ami danois qu'il ne tenait qu'au Danemark lui-même d'en être. Mais ce que nous ne voulons pas, c'est qu'un membre d

e l'Union, parce qu'il ne le veut pas, ou n'est pas en mesure de franchir une étape, empêche les autres de le faire. Si le rythme est déterminé par le plus lent, le risque d'échec est trop grand.

- N'y-a-t-il quand même pas un risque que certains soient laissés de côté ?

- Oui, il existe. Mais il faut comparer les risques. On peut aussi se demander ce qui se passerait si, quand quelques uns n'avançant pas, tout le processus d'unification échouait. Les chances de parvenir finalement à une unification complète de tous avec quelques pays qui vont de l'avant sont plus grandes que si l'on attend que tous veuillent bien avancer ensemble.

- Ce document n'est-il pas le signe que l'Allemagne entend désormais parler fort ?

- Ce n'est pas un texte du gouvernement. C'est celui de cinq personnalités importantes de la CDU. Le gouvernement doit prendre un peu plus de précautions diplomatiques. Mais l'intégration européenne et la qualité de la coopération franco-allemande autorisent à ne plus toujours parler avec la retenue des gouvernements et des diplomates du XIXieme siecle. Il faut pouvoir discuter ensemble de la substance des questions politiques, avec des contreverses si nécessaire. Il ne faut plus discuter seulement entre la France et l'Allemagne, mais entre les hommes politiques en France et en Allemagne représentant des opinions différentes. Nous devons être capables d'avoir un dialogue intra-européen, intra-franco-allemand sur les questions importantes, et non plus simplement entre Français d'un côté et Allemands de l'autre.

- Est-ce à dire que les nations en tant que telles peuvent devenir génantes ?

- Je suis de ceux qui disent que l'unification européenne ne peut pas se passer de l'idée de nation. Je crois que les gens ne se sentent pas seulement européens, mais français, allemands. Nous devons utiliser le lien émotionel avec la nation pour gagner les citoyens à l'unification européenne. L'Allemagne ne peut avoir un avenir que dans l'unification européenne. Par ailleurs, l'Europe n'est plus depuis longtemps seulement une confédération d'Etats au sens classique. L'Europe a aussi sa propre souveraineté. La discussion sur la souveraineté est très théorique. Depuis la réunificationn, l'Allemagne a juridiquement retrouvé sa pleine souveraineté, mais dans la réalité nous n'avons plus notre souveraineté dans le sens classique du terme. Nous ne pouvons pas disposer tous seuls de la paix et de la liberté. Je crois que ni la France ni aucun pays européen ne le peut. Il faut donc comprendre que pour assumer ce qu'on entend par souveraineté, il faut conjuguer nos forces en Europe.

- Votre document a été critiqué par l'Italie qui a réagi en tant que nation agressée ?

- Oui, mais il y a eu en Italie des réactions très diverses. Que le premier ministre ait officiellement rejeté sur un document allemand qui dit que pour le moment l'Italie n'est pas en mesure d'appartenir au groupe de pointe des pays européens sur la voie de l'intégration parce qu'il a des problemes économiques, n'est pas étonnant; à sa place j'en aurais fait autant. Mais il y a d'autres échos en Italie, qui disent qu'il n'y a pas de raison de s'énerver, que c'est la réalité, que les italiens doivent en tirer la conséquence aussi vite que possible pour résoudre leurs difficultés afin de recoller au peloton des membres fondateurs... L'ancien président du Conseil, Andreotti, a aussi un jour parlé du danger du pangermanisme. On ne doit pas chaque fois prendre au sérieux tout ce qui se dit dans un pays ou dans un autre. En Allemagne aussi on entend parfois des balivernes."

 
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