ENTRETIEN AVEC ARPAD GÖNCZ, LE PRESIDENT DISSIDENT.

par Yves-Michel RIOLS

(extraits du Monde, 29-10-1994)

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Aujourd'hui, à un an de la fin de son mandat qui pourrait être renouvelé, Arpad Göncz compte mettre toute son autorité morale au service de l'inévitable intégration de l'Europe centrale aux structures de l'Union européenne", qui sera au coeur de ses entretiens à Paris, mais qui, aux yeux des pays de la région, avides d'ancrages et de stabilité, traîne en logueur. "A la frontière de l'Europe politique - je dis bien politique, car culturellement nous faisons partie de l'Europe -, il y a un marché vide de cent millions d'habitants, qui ne peut décoller que si le pouvoir d'achat de cette région est rétabli. L'intérêt de l'Europe, c'est de développer le pouvoir de consommation de cette région. Mais, pour cela, il faut aussi que ces pays aient accès aux marchés de l'Ouest", plutôt enclins au protectionnisme.

Arpad Göncz ne cache pas sa "frustration" face aux obstacles qui ne cessent de surgir sur ce chemin du "retour à l'Europe". "Il est très difficile de dire aux pays de la région qu'ils doivent d'abord arranger leurs économies avant de pouvoir s'intégrer. Si l'Union européenne ne se mobilise pas pour aider au rétablissement de ces pays, elle pourrait, un beau jour, se retrouver dans une situation bien plus délicate et coûteuse. Nous ne voulons pas être traités en parents pauvres de la famille, à qui l'on donne des vêtements usés et que l'on fait patienter dans l'antichambre avant de les faire entrer dans la salle à manger. Nous sommes confrontés à un processus historique que l'on ne peut pas aborder avec une vision de patron de bazar."

Propos recueillis par Yves-Michel RIOLS