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Federalismo Servizio - 11 ottobre 1994
Europe: la question de l'élargissement.

EUROPE A GEOGRAPHIE VARIABLE

par Jean Quatremer

(Libération, 10-10-1994)

Où commence l'ASie? Où s'arrête l'Europe? Géographiquement, historiquement ou encore en droit international, la question reste à ce jour irrésolue même si de Gaulle a prétendu qu'elle allait » de l'Atlantique à l'oural . Une proclamation difficile à mettre en oeuvre sauf à couper en deux la Russie. Les diplomates s'arrachent donc les cheveux, surtout depuis la fin du Rideau de fer. Car appeler de ses voeux une » architecture européenne est une chose, savoir jusqu'où s'étendra la » maison européenne en est une autre. Certes, la CSCE (Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe) s'étend aux républiques asiatiques de l'ex-URSS. Mais les Etats-Unis et le Canada en font aussi partie. Le Conseil de l'Europe a choisi une réponse différente la semaine dernière: l'Europe, outre sa partie occidentale, c'est l'Europe centrale et orientale, mais c'est aussi la Russie et surtout les Républiques du Caucase (Arménie, Azerbaïdjan, Géorgie) à cause de » leurs liens culturels avec l'Europe et » à condition q

u'elles indiquent clairement leur volonté d'être considérées comme faisant partie de l'Europe . Mais ce n'est ni le Kazakhstan, ni le Kirghistan, ni le Tadjikistan, ni le Turkménistan, ni l'Ouzbékistan: là, on est en Asie.

Mais, pour autant, ces pays peuvent-ils espérer faire un jour partie de l'Union européenne? Non. Certes, le traité de Rome n'exclut personne: il précise que » tout Etat européen peut demander à devenir membre de l'Union . Mais personne, en dehors de Philippe Séguin, le président de l'Assemblée nationale, qui l'a suggéré la semaine dernière devant le Conseil de l'Europe, ne songe sérieusement à élargir l'Union à la Russie et au Caucase. Mais alors jusqu'où? Allemands et Français pensent qu'il faudra trancher cette question en 1996, lors de la révision du traité de Maastricht. Dans l'entourage du chancelier Kohl mais aussi à Paris, on estime que l'Union devra s'arrêter aux frontières de l'ex-URSS. Exception: les républiques baltes dont l'annexion par Staline n'a jamais été reconnue par l'occident. Mais alors quid de la Moldavie arrachée par l'URSS à la Roumanie? mystère. Au sud, tout le monde est d'accord pour inclure Chypre et Malte. En revanche, la Turquie, membre du Conseil de l'Europe, pose un problème à

la France qui ne voudrait pas » décourager sa vocation européenne . L'Allemagne, elle, n'a pas d'état d'âme: Istanbul, c'est déjà l'Asie.

Cependant tout un chacun s'accorde à considérer que la Russie et ses anciens satellites ont vocation à intégrer une organisation paneuropéenne, telle que le Conseil de l'Europe, et à bénéficier d'un statut particulier dans leurs relations avec l'Union. Cela est aussi valable pour la Turquie voire, côté français, pour les autres pays de la Méditerramée. Bref, il faudra s'habituer à parler » des Europes .

Il restera aux diplomates à justifier cette construction très politique auprès des pays qui, de facto, seront considérés comme un peu moins européens que les autres. Car, au nom de quoi sont-ils écarté de l'Union? La culture, la religion, l'ethnie? Ou au nom du principe d'efficacité, la Russie étant un morceau trop gros à digérer?

Jean QUATREMER

 
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