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Federalismo Servizio - 18 ottobre 1994
L'entrée de la Finlande dans l'UE.

FINLANDE: L'EUROPE S'OUVRE AU NORD-EST

PREMIERE PIECE D'UN GROUPE NORDIQUE DANS L'UNION

par Pierre Bocev

SOMMAIRE: La victoire du "oui" à l'Union européenne en Finlande devrait donner un coup de pouce aux partisans de l'intégration dans les deux autres pays nordiques candidats à l'adhésion, la Suède et la Norvège. Les quelque quatre millions d'électeurs finlandais ont approuvé à 57 % l'entrée de leur pays dans la famille européenne, 43 % s'y étant opposés.

Sauf grosse surprise au Parlement, qui doit encore confirmer le vote de dimanche, la Finlande rejoindra les Douze à partir du 11 janvier 1995, en compagnie de l'Autriche. L'Union européenne aura alors pour la première fois une frontière commune avec la Russie.

(Le Figaro, 18-10-1994)

Lorsque l'équipe européenne s'agrandit, chaque camp compte ses supporters. L'interrogation est toujours la même : l'adhésion d'un nouvel Etat à l'Union européenne se soldera-t-elle par un poids accru pour les "libre-échangistes" ultralibéraux et supposés se rallier autour du lion britannique. Ou bien, au contraire, fera-t-elle davantage pencher la balance en faveur des "communautaires" souvent protectionnistes et censés avoir le coq gaulois pour emblème.

"On tient généralement pour un axiome que nous serons du côté de la Grande-Bretagne, explique Jan-Magnus Jansson, un universitaire qui a vainement fait campagne pour le "non". Rien n'est moins sûr".

C'est, explique-t-il, la position du parti conservateur. Alors que les sociaux-démocrates, donnés par avance gagnants des législatives de mars prochain, sont "plutôt favorables à une Union resserrée, de quoi imposer leurs idées sociales". Lesquelles, bien entendu, sont à l'opposé des thèses défendues par Londres.

Résultat, dans son analyse, Helsinki va se retrouver, assez souvent, du même côté que l'Allemagne.

Un diplomate finlandais de haut rang essaie d'affiner le raisonnement. Ce sera Londres en matière de commerce, assure-t-il, mais ce sera Paris lorsqu'il s'agira de l'évolution future de l'Europe. Bonn sera à l'honneur dès lors que sera à l'ordre du jour l'extension de l'Europe vers les pays de l'Est. Un groupe nordique se constituera de manière automatique pour favoriser l'ouverture vers les pays baltes. Et les "petits pays", quelles que soient leurs autres divergences, feront front commun pour ne pas être lésés par les grands.

L'intérêt national

D'autres n'hésitent pas à mettre en doute l'appartenance fondamentale de la Finlande au groupe des défenseurs acharnés du libre-échange. "Le commerce avec l'URSS sur une base de clearing leur convenait parfaitement bien, fait valoir l'ambassadeur d'un pays de l'UE, et ce ne sont décidément pas des Anglo-Saxons."

Pour ce diplomate européen, c'est l'intérêt national qui primera. "Libre-échangistes quand ils se sentent forts, mais protectionnistes lorsqu'ils sont en position de faiblesse." De manière générale, prévoit-il, les Finlandais "seront de bons Européens, car ce sont de bons élèves". Voire, "ils n'hésiteront pas à critiquer ceux qu'ils jugeront peu sérieux".

"Nous serons souvent du côté de la Grande-Bretagne, renchérit Max Jakobson, un politologue, mais pas nécessairement et, surtout, pas automatiquement".

Dans les milieux officiels, les prises de position sont plus nuancées. "Nous voulons que Bruxelles travaille avec efficacité, mais pas aux dépens des petits-pays membres" souligne sans autre précision le ministre des Affaires étrangères, Heikki Haavisto. Pour un pays aussi dépendant des exportations, dit-il, l'attachement au commerce libre est naturel, ce qui n'empêche pas Helsinki de "comprendre la France", sur les questions agricoles par exemple.

Le premier ministre, Esko Aho, centriste comme son chef de la diplomatie, refuse par avance "toute alliance systématique avec un pays ou un groupe de pays". Une solidarité nordique s'exercera, pour peu que la Suède et la Norvège adhèrent elles aussi. Sur les réformes institutionnelles, les petits pays auront des intérêts communs à défendre.

En tout état de cause, relève le chef du gouvernement, "la future Union devra être fondée sur l'existence de nations indépendantes". De quoi rassurer Paris (et Londres), mais c'est un rejet - à ce stade du moins - des idées fédéralistes prônées début septembre par un document de réflexion de la CDU/CSU.

Commerce et rigueur

La réponse finlandaise sera sans doute mesurée et pragmatique. Paavo Lipponen, le social-démocrate en qui tout le monde voit le futur premier ministre, préconise une voie médiane. "Nous ne serons ni dans le camp des fédéralistes fanatiques ni dans celui des antifédéralistes bruyants. Chaque pas de plus doit être entériné par les Etats membres et les peuples."

La Finlande à elle seule, si la Suède et la Norvège ne lui emboîtent pas le pas, aura essentiellement pour but de préserver ses intérêts nationaux dans le concert des Européens où elle n'aurait, dans ce cas de figure, que le Danemark pour allié scandinave.

Mais s'il se constitue un bloc nordique, il aura du poids : commerce, environnement, rigueur budgétaire, défense des Baltes et, traditions obligent, transparence des débats interbruxellois. Dans cette hypothèse, à vérifier aux référendums des 13 et 28 novembre, le centre de l'Europe se déplacera effectivement vers le Nord.

Pierre BOCEV

 
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