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Partito Radicale Centro Radicale - 13 dicembre 1994
Bilan du Conseil européen d'Essen.

LES QUINZE MANQUENT D'ENERGIE POUR FAIRE AVANCER L'UNION.

par Philippe Lemaître

(Le Monde, 13-12-1994)

Comme une vieille voiture à l'embrayage usé, l'Europe patine. Elle aborde les problèmes, mais ne parvient pas à les traiter autrement qu'en terme de procédures. Le Conseil européen, sans relief et sans tension, qui s'est tenu vendredi 9 et samedi 10 décembre à Essen, illustre cet état de vieillissement prématuré, cette absence d'énergie vitale. Les états membres sont souvent divisés, mais, plus encore, s'étiolent à la recherche de consensus mou. A Essen, reflet du manque d'intérêt des débats, journalistes et participants ne semblaient s'intéresser qu'aux palinodies, un tantinet ridicule, que suscitait encore l'éventualité de la candidature de Jacques Delors à la présidence de la République.

L'adoption par le Conseil européen d'une » stratégie de rapprochement vis à vis des pays d'Europe centrale et orientale (PECO) ayant conclu des accords d'association avec l'Union a été le moment fort de ce » sommet . Afin de témoigner de l'importance de l'évènement et de la détermination des Quinze, leurs chefs de gouvernement avaient été conviés, samedi, à partager le déjeuner. Tout s'est passé comme prèvu : la Commission européenne a été chargée de rédiger avant le Conseil européen de Cannes, en juin 1995, un Livre Blanc explipréés à intéchira sur la manière de faire évoluer dans cette perspective la politique agricole commune (PAC) et les Fonds structurels.

Le débat de fonds n'a pas été le moins du monde engagé. L'Union va de l'avant, mais sans savoir exactement où ni comment. Seule l'aire géographique du ou des futurs élargissements se précise. Le Conseil européen entend que des accords d'association soient conclus avec les Etats baltes et la Slovénie au cours de la présidence française » afin de pouvoir inclure ces Etats dans la stratégie de rapprochement . Les PECO, sur le calendrier d'adhésion desquels il faudra se prononcer en 1997 (après la Conférence intergouvernementale sur la réforme de l'organisation politique et institutionnelle de l'Europe), sont donc désormais au nombre de Dix...

La France, l'Italie, l'Espagne et la Grèce ont montré plus de détermination que dans le passé sur la nécessité pour l'Union de se mobiliser parallèlement en faveur de ses voisins de la Méditerrannée méridionale et orientale. Mais plusieurs Etats membres et en particulier la Grande-Bretagne ne manifestent qu'un enthousiasme très relatif. Le Conseil européen n'a pas retenu l'idée de la Commission d'une aide financiere portée à environ 5,5 milliards d'écus au cours des cinq années à venir. Du coup, souci d'équilibre oblige, le montant prévu par la Commission pour le programme PHARE d'assistance aux réformes économiques dans les PECO - un peu plus de 7 milliards d'écus, également pour cinq ans - ne figure pas non plus dans les » conclusions de [a présidence . Il n'est pourtant pas, en lui-même, contesté.

Cinq mesures pour l'emploi

Pièce importante de toute politique méditerranéenne, les relations avec la Turquie, le plus ancien pays associé à l'Union et candidat à l'adhésion, seront examinées le 19 décembre par le conseil d'association, au niveau ministériel. Il s'agit de confirmer l'établissement d'une Union douanière entre la Turquie et la Communauté à compter, en principe, du 1er janvier 1995. Les Quinze n'ont pas cru utile d'en débattre. Les pressions légitimes exercées par le Conseil européen pour que les Turcs allègent les sanctions prononcées contre les parlementaires kurdes auraient pourtant eu davantage de chance d'être prises en considération si, du côté du Bosphore, on éprouvait le sentiment que les relations avec la Turquie faisaient aussi partie des priorités de l'Union.

La reprise économique, aussi saine et durable soit-elle, ne sera pas capable d'éliminer le chômage et des mesures structurelles sont donc nécessaires. Tel est le thème développé par le Livre Blanc de la Commission sur la croissance, la compétitivité et l'emploi et dont personne ne conteste le bien fondé. Les Quinze ont débattu, longuement, de cette affaire et fait leur les cinq grandes mesures, ou plutôt orientations, proposées par le Livre Blanc pour améliorer la situation de l'emploi.

Les actions à entreprendre devront être mises en oeuvre, sur le plan national, par les Etat membres. M. Delors le souligne lui-même, le Livre Blanc n'est rien d'autre qu'un cadre de réflexion, ses vertus sont d'ordre Pédagogique. La partie la plus opérationnelle du Livre Blanc concernait les grands travaux d'infrastructures et, là aussi, les décisions prises portent au scepticisme. Certes, il faut se réjouir qu'à l'initiative d'Edouard Balladur, la Commission ait annoncé que les moyens budgétaires mis à la disposition de l'opération pourraient être sensiblement relevés. En grattant les fonds de tiroir, la Commission estime pouvoir proposer 1,2 milliards d'écus supplémentaires, faisant grosso modo passer le magot disponible de 2 à milliards d'écus.

Même si les ministres des finances, qui ont leur mot à dire, donnent leur feu vert, ce coup de pouce appréciable, qui permettra peut-être à la France d'obtenir les subventions communautaires dont elle a besoin pour » boucler le plan de financement du TGV-Est, ne doit pas faire illusion. Les ambitions du Livre Blanc, en matière d'infrastructures, ont été revues sensiblement à la baisse. Le souci de ne rien faire qui, de près ou de loin, puisse contribuer a encore alourdir les déficits publics l'a emporté.

Jusqu'à quel point ces carences sont-elles rattrapables ? A la veille de la présidence française, l'ambiance demeure désenchantée. L'impuissance occidentale, et notamment européenne, en Bosnie, pèse à cet égard très lourd. C'est avec une distraction gênée que participants et observateurs ont pris connaissance, samedi, de la déclaration des Quinze sur l'exYougoslavie. Dans ce climat, l'accent mis par le gouvernement français sur la nécessité d'accélérer la mise en place d'une politique de défense commune tombe à plat: à quoi bon s'épuiser dans cet effort nouveau, lorsque ne le souci collectif, on vient de le vérifier, est de surtout ne pas se battre. La lâcheté collective a un prix.

L'état médiocre de la relation franco-allemande, l'affaiblissement politique de bon nombre des gouvernements en place, les effets encore insuffisants de la reprise économique concourrent au surplace actuel. L'approche des élections présidentielles ne facilite pas la tâche du gouvernement français. Cependant rien n'est venu jusqu'ici indiquer il ait la volonté et les moyens d'inverser la tendance.

PHILIPPE LEMAITRE

 
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