L'ALLEMAGNE ET LA FRANCE JOUENT LA CONTINUITE EUROPEENNE
d'Elisabeth Auvillain
Le Soir, mardi 27 décembre 1994
A la veille du passage du témoin de l'Allemagne à la France pour la présidence de l'Union européenne, les deux voisins ont rappelé ces derniers temps que ce qui les unit est plus important que ce qui les sépare.
Juste avant Noël, après avoir fait adopter par les ministres de l'Union un compromis sur la question de la pêche, Klaus Kinkel, ministre allemand des Affaires étrangères, s'est félicité de voir là un signe que "l'Union européenne peut trouver des solutions à de difficiles conflits".
Rejetant l'accusation de n'avoir rien réalisé d'important, la présidence allemande a fait savoir que le spectaculaire n'était pas le plus important et que le sommet d'Essen avait abouti à des résultats, comme la reconnaissance par l'ensemble des partenaires de la nécessité d'accueillir un jour les anciens pays communistes, sans pour autant vouloir bousculer le calendrier, comme certains en soupçonnaient Bonn.
Invité la semaine dernière de l'Association des chambres de commerce et d'industrie d'Allemagne (DIHT), Alain Juppé, a tenté de minimiser les désaccords entre Paris et Bonn. Selon le ministre français des Affaires étrangères, la question de savoir si l'Europe doit être fédéraliste ou non est une "querelle de théologiens" à laquelle il serait temps de substituer "des solutions pragmatiques".
Selon M. Juppé, le rôle du Conseil européen devra être renforcé et l'Europe devra 's'incarner davantage à travers sa présidence'. Une présidence qui, selon lui, devrait être plus longue que les six mois actuels. Pour le ministre français, il faut trouver une solution pour que l'Europe parle d'une seule voix dans ses négociations avec ses partenaires.
Alain Juppé a assuré son auditoire allemand que personne, en France, ne remettait en cause le traité de Maastricht.
Evoquant la conférence intergouvernementale de 1996, le ministre a souligné que tout le monde était d'accord pour élargir l'Union. 'Il s'agit d'une nécessité historique', a-t-il rappelé. La question est de savoir si tous les membres de l'Union pourront "tout faire en même temps". Au terme de "noyau dur" et à l'expression "d'Europe à géométrie variable", la France préfère parler de "solidarités renforcées".