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Partito Radicale Olivier - 22 febbraio 1995
UN FIL D'ARIANE DANS LE BABEL EUROPEEN

de Jean-Louis Bourlanges (*)

Le Monde, mercredi 22 février 1995

"Quand j'entends parler d'Europe, confiait naguère un grand éditorialiste de la presse hebdomadaire, je sors mon oreiller". Il aurait pu ajouter que si, de surcroît, c'est d'institutions communautaires qu'il s'agit, un second oreiller s'impose! Essayez donc si le coeur vous en dit: le plus maastrichtien des auditoires ne résiste pas à deux minutes de causette sur l'avenir du système de pondération des voix du conseil des ministres ou sur les procédures d'interventions du Parlement européen.

Après les années de Bruxelles, installé désormais sur les bords du Rhin, d'où il contemple d'un oeil désabusé l'agitation euro-parlementaire, Marcel Scotto a décidé de relever le défi. Son petit livre de 212 pages, agrémenté de quelques témoignages, dont celui particulièrement lucide de Valéry Giscard d'Estaing, introduit lumière et simplicité dans l'obscur dédale d'un système institutionnel conçu par les Etats et pour les Etats, et certes pas pour les citoyens. Sans le fil d'Ariane déroulé par le correspondant du 'Monde', ceux-ci risquent d'autant moins de s'y retrouver que les élargissements successifs compliquent chaque jour un peu plus l'ensemble.

Elargissement: voilà le défi majeur. En se lamentant devant une Union européenne qui refuse obstinément les adaptations institutionnelles nécessaires à ses changements successifs de géométrie, Marcel Scotto fait songer à ces professeurs exigeants qui, année après année, déplorent que le niveau baisse au fur et à mesure que la classe s'agrandit. Pour avoir personnellement tout tenté pour que l'adhésion de l'Autriche, de la Suède et de la Finlande s'accompagne d'un minimum de changements institutionnels, je ne puis que partager son inquiétude. Ni le Parlement, travaillé par une babélisation croissante, ni la Commission, dont la collégialité devient de plus en plus fantasmatique, ni le conseil des ministres, aucune des institutions ne serait, en l'état actuel, à la mesure de cette Europe à vingt-huit dont le principe a été arrêté au Conseil européen de Copenhague en juin 1993.

Face à ce risque bien réel de dilution, l'auteur a pourtant raison de qualifier de "mythique" la perspective d'un noyau dur européen composé de quelques Etats liés entre eux par des liens quasi fédéraux. La proposition fort bienvenue des parlementaires CDU/CSU ne vise à rien d'autre qu'à réaffirmer la nécessité d'une relance du couple franco-allemand, élargi à tous ceux qui choisiront la monnaie unique. Le noyau dur ne saurait se constituer comme une union à l'intérieur de l'Union sans fracasser l'ordre existant des traités, ni compenser par sa seule vertu les effets pervers de la "surextention institutionnelle" d'une Europe bâtie pour six membres et destinée à en comprendre trente.

Il reste, ainsi que le souligne Marcel Scotto, que jamais les Etats qui composent l'Union n'ont paru plus étrangers aux vastes perspectives et aux grandes ambitions qui guidaient, il y a quarante ans, les "pères fondateurs". Vues par l'auteur, les institutions européennes sont, comme les héros, fatiguées, et ce n'est certainement pas l'élargissement indéfini de ses frontières qui donnera à l'Union la cure de jouvence dont elle a un si urgent besoin.

"Les Institutions européennes", de Marcel Scotto, Le Monde éditions, 212 pages, 37 FF.

(*) Jean-Louis Bourlanges est député européen

 
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