Radicali.it - sito ufficiale di Radicali Italiani
Notizie Radicali, il giornale telematico di Radicali Italiani
cerca [dal 1999]


i testi dal 1955 al 1998

  RSS
mer 19 mar. 2025
[ cerca in archivio ] ARCHIVIO STORICO RADICALE
Conferenza Federalismo
Federalismo Servizio - 27 aprile 1995
Pour que dans l'avenir soit possible anticiper et parvenir à une planification internationale des interventions en cas de crise

BOSNIE-NATIONS UNIES: DES LECONS POUR L'AVENIR

par Manuel Carballo

(Le Monde, 27-04-95)

LE débat sur l'internationalisme et le rôle des Nations unies continue de s'intensifier. Le coût de la mise en route et du maintien d'interventions comme celle de Bosnie pèse lourd dans les débats budgétaires et alimente les critiques à l'égard de l'Organisation et de son rôle humanitaire et de maintien de la paix.

Malgré l'ampleur du déploiement de personnel militaire et humanitaire, les résultats en Bosnie demeurent peu tangibles. il est devenu absolument évident qu'il y a danger à sous-estimer la complexité d'un conflit ethnique ou à chercher à imposer des solutions rapides ou trop simplistes.

Il reste cependant qu'un cessez-le-feu a été observé pendant quelques mois qui ont permis à toute une population de respirer . En dépit des nombreuses vies tragiquement sacrifiées ou mutilées - y compris ces derniers jours de très nombreuses autres vies ont pu être sauvées grâce à la présence des Nations unies, de ses agences spécialisées et d'autres organisations. Un processus de développement social est remis en route, ce qui aurait été impossible sans la présence des Nations unies.

En outre, remettre en question l'internationalisme aujourd'hui signifie remettre en question la direction prise par la société contemporaine depuis une cinquantaine d'années.

L'interdépendance des pays, des peuples et des économies est plus formellement reconnue que jamais et fait l'objet de nombreux traités et accords économiques. L'opération Desert Storm a bien illustré cette volonté des nations de défendre leur interdépendance. La Bosnie a illustré à son tour qu'on peut de la même façon mobiliser une action internationale pour la défense des droits de l'homme.

Plutôt que de remettre en question ces principes à la fin du XX siècle, il serait sans doute plus approprié de traduire de façon plus systématique ces principes en actions. A la lumière des expériences passées, il serait plus adéquat de se demander non pas si une telle intervention internationale pour défendre les droits de l'homme est vraiment nécessaire, mais plutôt comment une telle intervention peut être entreprise de façon plus efficace et avec un meilleur rapport coût-efficacité.

L'une des leçons à tirer de la Bosnie, peut-être la plus importante, réside dans la décision de l' opportunité d'une intervention. Le fait que la communauté de Sarajevo, constituée de plus de trois cent mille musulmans, chrétiens et juifs, ait été coupée du monde pendant plus de mille jours n'était peut-être pas prévisible. Mais lorsque le siège et les bombardements de Sarajevo et d'autres villes de Bosnie ont commencé, il était devenu évident que ces actes constituaient de graves violations des droits de l'homme et qu'une intervention était nécessaire.

Une telle intervention a eu heu et elle a eu une certaine efficacité. Mais elle est souvent venue tard, comme un pansementsur une blessure déjà ouverte qui nécessitait à ce point un traitement plus important.

Pour qu'à l'avenir l'action humanitaire et la défense des droits

de l'homme soient plus efficaces et moins coûteuses, il est nécessaire que les Nations unies adoptent une attitude plus anticipatrice et intensifient leurs efforts en vue d'une planification internationale des interventions en cas de crise. Il faut que les pays responsables parviennent à un consensus plus large et prévoient à l'avance les mesures à prendre avant qu'elles ne deviennent indispensables. Cela nécessitera une surveillance plus franche et plus efficace des situations où existe une menace potentielle des droits de l'homme, ainsi qu'un système d'avertissement rapide renforcé par la certitude que très vite des mesures peuvent être et seront prises.

La seconde leçon concerne la relation entre intervention militaire et action humanitaire. A Sarajevo, la présence militaire de la Forpronu a apporté un véritable sentiment de sécurité. Dans tout le pays, pour les populations civiles se trouvant d'un côté ou l'autre du conflit, cette présence a aussi été synonyme d'un apport d'expertise technique et logistique.

En Bosnie, cette présence a permis l'ouverture de routes, la reconstruction d'écoles et la remise en état de services publics de base. Le personnel militaire a rendu possible le pont aérien des biens de première nécessité; se sont le militaire qui ont protège les convois de nourriture et de matériel médical pour qu'ils puissent atteindre des villes assiégées et isolées. Pour que les Nations Unies aient à leur disposition à tout moment ces ressources , il faut une harmonisation des stratégies humanitaire et militaire. La Bosnie offre un témoignage éloquent de l'aptitude des militaires à travailler la main dans la main avec les organisations civiles et les autorités locales.

Maintenant que la guerre froide appartient au passé, la possibilité d'élargir la formation et le déploiement des personnels militaires afin qu'ils puissent mieux servir la cause humanitaire mérite d'être considérée comme faisant partie intégrante d'un plan d'action global des Nations unies.

Le rôle de coordination des agences des Nations unies permet de tirer une autre leçon. La tragédie bosniaque a permis la multiplication d'actions efficaces et de bonne volonté de la part d'un grand nombre d'organisations. S'appuyant sur un large réseau de soutien ou entreprises sur la base presque exclusive de sentiments généreux et la capacité de mobiliser des ressources, les organisations internationales non gouvernementales et les agences bilatérales ont apporté aux populations civiles otages d'un côté ou de l'autre d'un conflit politique inextricable, un soutien indispensable et unique.

Les agences spécialisées des Nations unies ont également apporté une expertise technique indispensable ainsi qu'une riche expérience administrative et internationale. Dans le domaine de la santé par exemple, elles ont permis d'assurer l'indispensable continuité des services de santé, l'approvisionnement en matériel médical ainsi que soutien et conseils quand ceux-ci se sont révélés nécessaires. Elles ont permis de travailler à la reconstruction d'une infrastructure sanitaire pour l'avenir.

Malgré tout, une planification et une coordination plus systématique sont indispensables entre les organisations non gouvernementales, les Nations unies et les autres groupes si dans l'avenir on veut parvenir à une rationalisation des effortsinternationaux pour les rendre techniquement et économiquement plus efficaces.

L'effort international en Bosnie a déjà à son crédit des succès certains. La communauté internationale devrait en tirer des conclusions, corriger les erreurs commises et renforcer les réussites. Le système des Nations unies peut avoir dans de telles situations de crise un rôle unique de gestion des efforts de la communauté internationale dans le domaine de la santé, du respect du droit humanitaire et de la défense des droits de l'homme.

Il faut que ce rôle soit encouragé et renforcé plus encore que par le passé. Mais les Nations unies doivent évoluer et s'adapter à un ordre mondial en rapide transformation qui exige des responsabilités d'un type nouveau.

Les droits de l'homme ne sont pas la prérogative des opprimés. ils sont universels et doivent être universellement respectés. Leur violation dans une situation particulière met en danger leur respect ailleurs et risque de remettre en cause les acquis des cinquante dernières années et les principes maintenant respectés du développement humain. La défense des droits de l'homme et la poursuite des actions humanitaires exigent efficacité, décisions rationnelles, planification fondée sur des recherches et capacité de réorienter une opération si les circonstances et une évaluation le requièrent.

Il faut consolider un partenariat et une collaboration fondée sur des principes humanitaires et des techniques solides entre toutes les organisations qui peuvent offrir une contribution. Par-dessus tout, il est nécessaire d'avoir une vision créatrice et un engagement sans réserve pour le respect et la protection des droits de l'homme et le développement ainsi qu'une volonté de travailler ensemble dans le cadre d'une véritable communauté des pays.

Manuel Carballo, médecin, est actuellement conseiller en santé publique à Sarajevo pour l'Organisation mondiale de la santé.

 
Argomenti correlati:
stampa questo documento invia questa pagina per mail