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Conferenza Federalismo
Partito Radicale Centro Radicale - 26 settembre 1996
union européenne

UNE EUROPE POLITIQUE, VITE!

par Pascal Riche

Libération, jeudi 26 septembre 1996

Il ne faut pas se raconter d'histoire. Une nation ne partage sa monnaie avec d'autres pays ni par goût des symboles, ni par souci d'économiser quelques commissions de change, ni par volonté de rendre le commerce plus fluide. Elle le fait pour marier des peuples, pour créer un Etat ou une entité politique s'en approchant. Les gouvernements européens font mine de l'avoir oublié. Le mot fédéralisme -le mot qui commence par F, comme disent les Anglais - n'est plus prononcé par personne. Tout se passe comme si l'Europe, depuis quatre ans, voulait faire la monnaie unique pour la monnaie unique. La partie politique de Maastricht (politique étrangère et de sécurité commune) est tombé en déshérence. Ni Helmut Kohl, ni Jacques Chirac dont trouvé moyen de relancer la construction de l'Europe. Le premier a bien poussé quelques propositions concrètes (le renforcement des pouvoirs du parlement de Strasbourg, la création d'un FBI européen ... ) mais la France les a refusées, et il semble avoir renoncé à se battre. Le secon

d, quand a lui, n'a pas proposé grand chose depuis son élection, si ce West la nomination d'un Monsieur politique étrangère, gadget compliqué. Les deux pays ne savent plus parler d'une seule voix, sauf lorsqu'il s'agit de répéter qu'il faut respecter les critères de convergence du traité de Maastricht. Quel programme... De rêve fédéraliste, la monnaie unique s'est muée en une machine à imposer austérité budgétaire, rigueur monétaire et ceinture salariale. Rien de mieux pour faire détester l'Europe. Rien de mieux pour faire échouer le projet monétaire. Car si les gouvernements ne changent pas de cap, l'Union monétaire n'aura plus aucun sens, elle explosera au décollage. On voit mal en effet comment une monnaie unique conçue en dehors de tout projet d'Europe politique et sociale peut fonctionner. Lorsqu'un choc frappera l'économie d'un des pays membres de la future Union monétaire, il ne pourra plus jouer du taux de change pour l'amortir. Pour qu'il ne soit pas tenté de sortir de l'Union monétaire et de retrou

ver sa liberté, les autres pays n'auront d'autre choix que de l'aider en participant financièrement au redressement de son économie.

En Union monétaire, on le voit, la solidarité est impérative. Pour qu'elle s'exerce sans heurts ni crise, l'idéal serait de bâtir un budget européen digne de ce nom, capable de réguler l'économie de l'Union. Bref, de penser en termes d'Europe fédérale. Cela n'a rien de théorique. Avec l'unification allemande, les Européens ont eu un avant-goût des difficultés qu'amènerait une union monétaire sans solidarité. Pour financer ce gigantesque chantier, les Allemands ont fait grimper leurs taux. Certains pays ne l'ont pas supporté, et leurs monnaies ont fini par être éjectées du Système monétaire européen (lire italienne, livre britannique); d'autres, ceux qui, comme la France, se considéraient en quasi-union monétaire avec le mark, ont été contraints d'augmenter leurs taux d'intérêt comme les Allemands, ce qui leur a coûté quelques centaines de milliers dechômeurs. L'erreur - tout le monde l'admet -, a été de faire reposer tout le poids de l'unification sur le seul budget allemand. Si le financement de l'unificati

on avait été pris en charge au niveau européen, les taux d'intérêt seraient resté modérés, la crise du début des années 1990 aurait été moins profonde, les monnaies seraient restées soudées, et la Communauté serait sortie de l'épreuve renforcée. La leçon de l'histoire, c'est que cette crise aurait été beaucoup mieux gérée si les contraintes monétaires avaient été moins fortes, ou mieux, si l'Europe avait été plus forte. Avec la monnaie unique, les contraintes monétaires seront maximum. Il est donc urgent de prévoir le fonctionnement de l'Union européenne de l'après 1999. Non pas en durcissant les critères de convergence, mais en imaginant comment encaisser les futures turbulences de l'Histoire, et en retrouvant le souffle fédéraliste des fondateurs. Ce qui se passe en ce moment ne pousse guère à l'optimisme. L'union politique est en panne: une conférence intergouvernementale doit l'an prochain accoucher d'un nouveau projet pour l'Europe, mais ses organisateurs sont incapable de produire autre chose que de l'

eau tiède. L'union monétaire, elle, a été confisquée par les grands argentiers. Pierre Bérégovoy avait, en son temps, proposé la constitution d'un gouvernement économique européen. Audacieuse, l'idée n'a jamais percé, même si la France continue à la défendre pour la forme. En guise de grand projet économique, tout ce que proposent aujourd'hui les ministres des finances des Quinze, sous la dictée de la Bundesbank allemande, c'est une procédure pour sanctionner les déficits excessifs et un conseil de discipline. A ce train-là, l'euro dégoûtera jusqu'aux militants européens les plus passionnés.

 
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