KASHGAR (CHINE), 14 NOV (AFP) - LE REFRAIN OFFICIEL SUR L'ENTENTE PARFAITE ENTRE LES MINORITES DU XINJIANG, UNE REGION A MAJORITE MUSULMANE SITUEE A L'EXTREME OUEST DE LA CHINE, N'IMPRESSIONNE GUERE LES OUIGOURS QUI FONT DU COMMERCE AUTOUR DE LA GRANDE MOSQUEE DE KASHGAR.
"LES HANS (CHINOIS DE SOUCHE) SONT MAUVAIS, ILS SONT TROP NOMBREUX AU XINJIANG", COMMENTE LE PATRON D'UN PETIT ETAL QUI PROPOSE DE LA TETE DE MOUTON BOUILLIE.
SON COLLEGUE, VENDEUR DE BROCHETTES, ACQUIESCE: "LES HANS, C'EST VRAIMENT PAS POSSIBLE". IL N'EN DIRA PAS PLUS, IL NE PARLE PRATIQUEMENT PAS LE MANDARIN, COMME LA PLUPART DES AUTRES PETITS VENDEURS PRESENTS SUR CE MARCHE NOCTURNE DE KASHGAR, UNE VILLE SITUEE A PRES DE 4.000 KM DE PEKIN ET OU LES OUIGOURS MUSULMANS REPRESENTENT PRES DE 80% DE LA POPULATION.
"JIANG ZEMIN EST LE PRESIDENT DE LA CHINE, PAS LE MIEN", COMMENTE UN CHAUFFEUR DE TAXI PLUS BAVARD, QUI SE GAUSSE A L'IDEE D'AVOIR DES AMIS HANS. "POURQUOI FAIRE ?" DEMANDE-T-IL, SINCEREMENT ETONNE.
A KASHGAR, COMME AILLEURS AU XINJIANG, LES HANS ET LES 47 "MINORITES" QUE COMPTE OFFICIELLEMENT LA REGION AUTONOME VIVENT DANS DES COMMUNAUTES TRES DISTINCTES ET DES QUARTIERS SEPARES OU IL EST EN GENERAL MAL VENU DE S'AVENTURER.
ILS NE FREQUENTENT PAS LES MEMES ECOLES ET SI LES MINORITES SONT CENSEES, AU MOINS EN THEORIE, APPRENDRE LE MANDARIN, L'INVERSE N'EST PAS VRAI POUR LES HANS.
"A QUOI ME SERVIRAIT D'APPRENDRE LE OUIGOUR? C'EST AUX MINORITES D'APPRENDRE LA LANGUE OFFICIELLE", S'EXCLAME UNE CADRE HAN D'URUMQI, LA CAPITALE REGIONALE, OU LES CHINOIS REPRESENTENT PLUS DE 80% DE LA POPULATION.
LA POLITIQUE DE REFORMES ET D'OUVERTURE A PROVOQUE DEPUIS 1992 UN DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE RAPIDE DU XINJIANG QUI S'EST TRADUIT PAR UNE ARRIVEE MASSIVE DE COLONS VENUS DE L'INTERIEUR DE LA CHINE, DESTABILISANT ENCORE UN PEU PLUS LE FRAGILE EQUILIBRE EXISTANT ENTRE LES COMMUNAUTES.
DEJA LARGEMENT DOMINANTS SUR LE PLAN ECONOMIQUE, LES HANS SONT DESORMAIS EN PASSE DE DEVENIR MAJORITAIRES ET DE DEVANCER L'ANCIENNE ETHNIE DOMINANTE OUIGOURE.
SELON LES DERNIERES STATISTIQUES OFFICIELLES, LES HANS - QUI N'ETAIENT QUE 300.000 EN 1949 - SONT DESORMAIS 6,6 MILLIONS, SOIT 38,4% DES 17,18 MILLIONS D'HABITANTS QUE COMPTE LE XINJIANG, CONTRE 7,2 MILLIONS (48%) POUR LES OUIGOURS. MAIS CES CHIFFRES NE TIENNENT COMPTE NI DES MILITAIRES OMNIPRESENTS, NI DE L'IMMENSE POPULATION FLOTTANTE HAN APPARUE CES DERNIERES ANNEES.
LA SITUATION PARAIT PARTICULIEREMENT TENDUE A YINING, UNE VILLE DE 380.000 HABITANTS OU DES EMEUTES PROVOQUEES PAR DES SEPARATISTES ONT FAIT ENTRE 10 ET 100 MORTS EN FEVRIER 1997.
DANS CETTE VILLE SITUEE PRES DE LA FRONTIERE KAZAKHE ET OU LES HANS REPRESENTENT UN PEU PLUS DE 50% DE LA POPULATION, LES VISAGES DES OUIGOURS SONT FERMES, VOIRE HOSTILES. PERSONNE NE PREND LE RISQUE DE PARLER A DES JOURNALISTES ETRANGERS ACCOMPAGNES D'UNE ESCORTE CHINOISE.
LES HANS QUI VIVENT SUR PLACE HESITENT ENTRE LA FANFARONNADE ET LA CRAINTE. "NOUS SOMMES DESORMAIS LA MAJORITE", CLAME UN CADRE LOCAL, DEVANT UNE GIGANTESQUE AFFICHE AFFIRMANT QUE "L'UNITE DES MINORITES EST VITALE POUR LE PEUPLE TOUT ENTIER".
POUR LES CHINOIS ORDINAIRES, LES EMEUTES ONT LAISSE DES TRACES, D'AUTANT QUE LES RUMEURS LES PLUS FOLLES ONT CIRCULE. "J'AI ENTENDU DIRE QU'ILS AVAIENT TUE DES CENTAINES DE HANS ET QUE DES CADAVRES AVAIENT ETE EXPOSES SUR LES ARBRES" AFFIRME UN PETIT VENDEUR DE POMMES.
"ILS VOUDRAIENT QU'ON PARTE, ILS AFFIRMENT QUE LE XINJIANG EST A EUX, MAIS LE GOUVERNEMENT NOUS SOUTIENT", ASSURE-T-IL.
14.11.1998
