Radicali.it - sito ufficiale di Radicali Italiani
Notizie Radicali, il giornale telematico di Radicali Italiani
cerca [dal 1999]


i testi dal 1955 al 1998

  RSS
gio 22 mag. 2025
[ cerca in archivio ] ARCHIVIO STORICO RADICALE
Conferenza Movimento club Pannella
Partito Radicale Olivier - 27 maggio 1997
France/Libéralisme

PENSEE UNIQUE ET LIBERALISME

par Jean-François Revel

Le Point, le 10 mai 1997

La fin de la pensée unique serait l'un des fruits salutaires de la campagne électorale. L'opposition et la majorité ne viennent-elles pas d'élaborer des programmes antagonistes? C'est oublier que les programmes électoraux dépendent de ceux qui les rédigent, et leur éventuelle application de ceux qui ne les lisent pas: les citoyens. Ainsi, depuis 1993, malgré l'ampleur de son triomphe aux législatives et malgré sa victoire à la présidentielle en 1995, la droite n'a réussi à mettre en oeuvre ses réformes, timidement libérales, qu'au comptegouttes et, le plus souvent, pas du tout. La puissante révolte des catégories les mieux organisées a mis en échec la plupart des tentatives d'alléger les boulets qui entravent la marche du pays. Qu'entendait-on, ces dernières années, par pensée unique? Un dosage de stabilité monétaire et de rigueur budgétaire, au sein d'une économie de marché sans inflation et encadrée par l'Europe sociale. Mais, aujourd'hui, l'expression pensée unique convient moins à cette cible qu'à ceux q

ui lui tirent dessus. S'il y a une pensée unique dans la France actuelle, au moins de ses élites c'est bien l'antilibéralisme. Le mot libéralisme, d'ailleurs, ne suffit plus. Seuls subsitent l'ultralibéralisme, le libéralisme sauvage, voire échevelé , flétrissant des fléaux qui n'ont jamais sévi. Les grands pays libéraux ont toujours été aussi les plus sévères Etats de droit et ceux où s'est affirmé le syndicalisme le plus fort et le plus indépendant. Quel contraste avec le nôtre, numériquement marginal, politiquement manipulé et financièrement à la merci des subsides de l'Etat. Le rêve français, ce n'est pas l'invention, c'est la subvention. Nous considérons l'Etat non comme une source légitime d'autorité, mais comme la plaque tournante de la redistribution. Quand nous souhaitons davantage d'Etat, nous entendons par là non pas davantage d'ordre public et d'application des lois, mais toujours plus d'aides publiques et de régimes spéciaux, si possible au profit de la catégorie de citoyens à laquelle nous appa

rtenons et au détriment des autres, L'injustice sociale nous importe peu, même quand nous en sommes victimes, du moment qu'elle passe par le canai étatique. Tous les maux dus en France à un excès d'intervention de l'Etat sont attribués à l'insuffisance de cette intervention. Tous les gaspillages, toutes les escroqueries, toutes les prébendes qui consument un argent manquant cruellement à la vraie vie économique, celle qui sécrète les vrais emplois, sont mis au compte de la solidarité. Les privilèges du service public à la française, défenseur prioritaire de ses agents et non de ses clients, sont classés au chapitre de la lutte contre les inégalités. Toutes les catastrophes ruineuses dues à l'étatisme véreux sont imputées à l'économie de marché. La pensée unique stigmatise, par exemple, l'ultralibéralisme de la cohabitation 1986-1988. Hallucination risible! Car comment qualifier d'ultralibéral un pays où, encore maintenant, 53 % du produit intérieur brut consiste en dépenses publiques, contre 40 % dans le res

te de l'Europe et 30 % aux Etats-Unis? Si la fracture sociale était réellement due au libéralisme, nous en avons si peu que nous devrions être en plein emploi. Mais les faits ne peuvent rien contre une conviction qui n'en est pas tirée. Le tabou antilibéral prédomine partout. Philippe Séguin va même jusqu'à reprocher la prétendue capitulation ultralibérale aux... socialistes! L'unanimité a commencé à s'établir entre droite et gauche pour qualifier le libéralisme de totalitaire. Belle compréhension de l'histoire de notresiècle! C'est pourquoi le dédoublement programmatique entre la droite et la gauche jusqu'au 1er juin n'est qu'un artifice électoral. Ce n'est pas parce que la pensée unique se regarde dans la glace qu'elles sont deux.

 
Argomenti correlati:
stampa questo documento invia questa pagina per mail