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Conferenza Rivoluzione liberale
Partito Radicale Centro Radicale - 16 luglio 1999
UE/Commission/interview à Emma Bonino

LE DERNIER JOUR D'EMMA BONINO

Arrivederci

Madame la commissaire à la Consommation, à la Pêche et à l'Aide humanitaire s'en retourne au Parlement

(avec photo)

par Rachel Crivellaro

La Libre Belgique, le 16 juillet 1999

Atmosphère de fin de règne au Breydel,

Emma Bonino a du mal à faire ses caisses. Elle a accordé un entretien-bilan à "La Libre" et à nos confrères de "Libération".

* Comment expliquez-vous que vous ne soyez pas reconduite dans vos fonctions, avec pourtant un score de 8,5 pc aux élections européennes et une bonne cote de popularité ?

Cela tient au débat politique italien. J'ai pris trop au sérieux une résolution du Parlement européen qui demandait qu'une grande majorité des prochains commissaires soient élus et aient une expérience institutionnelle communautaire, et que l'équilibre hommes-femmes soit respecté. J'ai pris au sérieux le slogan qui préconise une Europe plus proche du citoyen ; j'ai ainsi de toute évidence beaucoup dérangé. Les commentaires entendus à droite et à gauche étaient : après 25 ans, on lui a finalement donné un poste, elle ne s'est pas trop mal débrouillée, mais elle a aussi cassé les pieds en nous enlevant 8,5 pc de voix.

* Romano Prodi, en formant sa Commission, du moins sur la partie italienne, a donc fait de la politique intérieure et non européenne?

Ce n'est pas le choix de Prodi, c'est mon nom qui n'a pas été proposé par le gouvernement italien.

Que pensez-vous de la nouvelle Commission ? Estimez-vous qu'elle soit assez proche des citoyens ?

C'est une bonne question a poser à Prodi ! Sinon, je ne connais presque personne de ses membres. Je crois qu'ils ont été nommés pour des raisons essentiellement politiques. C'est pourquoi je serai très attentive à leur programme politique.

Oui mais vous connaissez leur CV, vous avez donc un avis...

Une haute responsabilité peut parfois complètement écraser un individu, ou le grandir politiquement.

* Cinq femmes sur vingt commissaires, l'équilibre hommes-femmes au sein de la nouvelle équipe n'existe pas...

Ce n'est certes pas un progrès, mais il y avait aussi le risque qu'il y en ait encore moins.

* Peu de femmes aussi sur votre liste...

C'est vrai. Dans des situations de luttes assez difficiles, comme celles que mène le Parti radical, la politique demande beaucoup. Trop. Pas de salaire, pas de sécurité d'emploi, etc.

* Les grands pays ont obtenu les plus gros portefeuilles..

Prodi adopte une attitude assez présidentielle. Cela dit, le fait que, désormais, tous les commissaires travaillent dans leur "ministère" ne va pas aider la collégialité. Comme la centralisation présidentielle des services de porte-parole. Je préférerais cela dans une Europe qui a un président élu. Je reste toujours fédéraliste, pour les Etats-Unis d'Europe.

C'est-à-dire ?

La politique des "petits pas", que nous avons menée, est dépassée. Il est nécessaire de faire un "saut qualitatif". Nous sommes dans une Europe qui est quasi "post-tout" : post-mur de Berlin, postMitterrand, post-Kohl et presque post-monnaie unique. Mais en termes de vision européenne, nous ne sommes nulle part. C'est d'ailleurs impossible d'y arriver sans, au moins, discuter du modèle constitutionnel. Je reste convaincue que cela passera par un modèle fédéraliste. Aujourd'hui, il faut une Europe politique, une défense et une politique étrangère communes. C'est dans ce type d'architecture que l'on pourra dégager le maximum de réelles subsidiarités.

* Prodi a demandé aux membres de son équipe de démissionner individuellement si c'est justifié...

Il faudra le traduire dans le Traité. Et là, ce sera le moment de mettre en équilibre collégialité et responsabilité individuelle. C'est un grand débat parce que les cultures administratives sont très différentes au sein des 15. Il faut encore dégager une culture administrative européenne.

Mardi, vous serez sur les bancs du PE. Que pensez-vous de l'accord entre les démocrates-chrétiens et les libéraux ?

Du déjà vu. La méthode reste toujours la même. Et, vu le résultat des élections, il est assez normal que ces protagonistes s'allient. On a surtout raté la chance de faire un vrai Parlement européen, autre chose qu'un partage du pouvoir.

* Il y a quand même plus de logique idéologique dans un accord PPElibéraux que PPE-PSE ?

Au moins, il s'agit d'une amélioration dans la transparence. Sauf que dans l'ambition d'avoir un vrai Parlement, c'est exactement la méthode à ne pas suivre. Tout est maintenant réparti pour 5 ans, toutes tentatives de dégager de nouvelles dynamiques au Parlement est bloqué pour 5 ans.

* C'est la même chose dans les Parlements nationaux..

Oui, mais il s'agit de groupes qui ont fait des campagnes électorales ensemble. Au PE, les partis des groupes ont rarement des programmes communs, si ce n'est celui de se répartir les postes.

Comment expliquez-vous que les députés de Prodi soient au groupe libéral et passent un accord avec les démocrates-chrétiens... ... étant élu à gauche en Italie. C'est assez bizarre. De la part de gens que je connais bien, cela me surprend. Etant libérale, je m'en réjouis, n'empêche que je trouve ces reconversions un peu rapides.

Vous avez négocié pour entrer dans le groupe libéral

Pas exactement. Car la question que je me pose encore, c'est de voir s'il est possible de faire un groupe fédéraliste-libéral. Je pense qu'au niveau individuel, dans le groupe, il y a des gens qui sont de vrais fédéralistes. Et - qui sait ? - dans un délai pastrop long, on pourra peut-être connaître une initiative politique fédéraliste...

Vous allez siéger à côté de Le Pen...

a, franchement, ça m'est égal. Cela vient de ma culture politique italienne; au sein du groupe mixte du Parlement, on trouve n'importe qui. Et puis j'imagine que lui sera aussi mal à l'aise d'être assis à côté de moi...

Quelles seront vos priorités au PE?

Je suis députée depuis toujours, cela va me rajeunir! A part les questions d'actualité, je vais poursuivre mon action sur le prochain manifeste constitutionnel, la politique étrangère et de sécurité commune. Pour revenir à ce nécessaire "saut qualitatif', et même si c'est peut-être le plus difficile, la vraie différence aujourd'hui est entre une Europe politique et une Europe qui se contente de mettre quelques politiques particulières en commun. La politique des "petits pas'...

Votre meilleur et votre plus mauvais souvenir de ces 5 dernières années ?

Quand j'ai été nommée, je n'étais pas trop heureuse. J'avais des dossiers marginaux et difficiles, et j'avais un mauvais a priori sur la Commission. Trop gestionnaire. Puis, j'ai découvert qu'il y avait des marges énormes pour faire de la politique, alors que j'avais des dossiers qui me tenaient à coeur déjà comme militante, que ce soient les mines, le tribunal international permanent, la défense des consommateurs, etc. Mon plus grand regret concerne les "Grands Lacs" parce que j'ai vraiment essayé qu'on s'engage, de mobiliser, et j'ai échoué. Tout le monde a regardé ailleurs. Je le regrette, pas seulement comme échec personnel, mais surtout pour les centaines de milliers de morts.

 
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