L'article de Jean Quatremer consacré aux "jeux dangereux" auxquels les sept députés radicaux de la "Liste Bonino" se seraient livrés en proposant à tous les députés non inscrits, dont certains d'extrême droite, la constitution d'un groupe parlementaire technique à Strasbourg, mérite une mise au point.

Je dois l'admettre. Nous aurions pu mieux expliquer notre initiative avant de la lancer. Car il me parait paradoxal d'être accusés de violer des principes au moment meme où l'on s'efforce de défendre des principes.

Depuis 20 ans le Parlement Européen n'a pas su résoudre de manière satisfaisante dans son règlement la situation des députés non inscrits. Il existe ainsi dans notre assemblée des élus de première catégorie (ceux affiliés aux groupes politiques constitués) qui jouissent de la plénitude des prérogatives du député, et des élus de deuxième classe - les non inscrits - qui sont exclus de facto du travail parlementaire et d'un certain nombre de services d'ordre administratif.

Dans d'autres parlements nationaux ce problème est résolu par l'inscription d'office des députés non inscrits à un groupe technique appelé - c'est le cas dans mon pays - Groupe Mixte, assimilé dans son fonctionnement et ses prérogatives aux autres groupes constitués.

Ayant constaté, après le 13 juin, l'impossibilité de constituer en temps utile un "groupe fédéraliste européen", comme nous le souhaitions, et voulant éviter les limbes des non inscrits, nous avons proposé à tous les députés non inscrits la constitution d'un groupe technique. Les radicaux italiens avaient déjà eu recours à cette solution il y a vingt ans, quand nos trois élus, dont moi-même, constituèrent - sans susciter aucune surprise - un groupe technique avec 4 Danois "anti-communautaires", deux représentants de l'extrême gauche italienne, un indépendantiste flamand et un indépendant irlandais.

En vue de la discussion qui aura lieu au sein de la Commission Constitutionnelle du PE chargée du Règlement - et dans l'espoir de donner une solution définitive à la question des "sans groupe" - nous avons déposé un projet de modification du règlement ainsi rédigé: "Les députés qui n'adhèrent pas à un groupe politique siègent d'office dans un groupe unique dénomé "Groupe Mixte".

Cela dit, il est évident qu'il y aurait problablement eu moins de confusion concernant la nature de notre initiative si quelques uns parmi les 29 "fondateurs" du groupe n'avaient pas retiré leur adhésion en découvrant dans l'après-midi du mardi 20 juillet, des problèmes qu'ils n'avaient pas perçu dans la matinée, lors de la signature.

Ceci dit, nous continuerons à poursuivre notre objectif principal: la constitution pendant cette législature d'un groupe authentiquement fédéraliste.

Emma Bonino