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Archivio Emma Bonino commissario UE
Ouest-France - 3 marzo 1995
EMMA BONINO: CONTROLER LES IMPORTATIONS
Le commissaire européen prône le protectionnisme à l'américaine

Ouest-France, le 3 mars 1995

de Raymond Cosquéric

En visite hier à Rennes, l'Italienne Emma Bonino, le nouveau commissaire à la pêche, est apparue pétillante, ferme et enthousiaste. Dès à présent, elle vout mettre l'Europe bleue sous contrôle rigoureux pour mieux la protéger: le protectionnisme à l'Américaine.

"Les États-Unis sont le pays le plus libéral qui soit en matière commerciale," citait hier en example Emma Bonino, après avoir rencontré les professionnels français. "Mais à leurs frontières ils contrôlent tout: les normes sanitaires, la qualité, les tailles, l'origine, ce qui en fait finalement le pays le plus protectionniste."

EN MER AVEC LES THONIERS

C'est un peau ainsi qu'elle aimerait défendre le poisson européen, aux frontières communautaires et dans les aéroports... Malheureusement, les "contrôles-gruyère" des états membres sont inefficaces. "Je ne pense pas qu'il faille pour autant leur substituer un contrôle européen qui engendrerait une bureaucratie de plus. Mais plutôt trouver un moyen d'obliger les côntroles des états membres à être efficaces, même de la part de ceux dont qui n'y pas intérêt."

La contrepartie de cette philosophie, c'est aussi le contrôle plus rigoureux des bateaux notamment en matière d'accès à la ressource. Emma Bonino va d'ailleurs montrer tout de suite de quel bois elle se chauffe: "Je cherche un financement pour armer un navire battant pavillon européen. Je serai à bord lorsqu'il ira vérifier à la belle saison que les navires de contrôle français surveillent sérieusement la longueur de vos filets dérivants à thon."

Pour ces filets, pas d'à priori sur l'interdiction ou non: "Il faut que les Français et Espagnols se recontrent pour trouver une solution ensemble. Je voudrais un séminaire. C'est mieux qu'un arbitrage entre ministres". La commissaire italienne se fait ainsi la championne des négociations interégionales entre pêcheurs de différentes nationalités: "Car la guerre des pauvres a toujours enrichi d'autres."

Par contre, l'Union sacrée de la pêche européenne devrait lui permettre de sortir de sa marginalité "et d'étre associée à toutes les négociations avec les pays tiers." Un atout pour le marchè, mais aussi le libre accés à la ressource: d'où le refus des propositions de la NAFO sur le flétan dans l'Atlantique nord. On se battra contre l'appropriation de la haute mer par le Canada, la Norvège, le Maroc ou les pays d'Amérique latine. Dans le même temps on défendra mieux les eaux européennes, notamment en Méditerranée. "Il faut que l'Europe aît la maîtrise de ses eaux. Ce n'est pas un problème de voisinage avec les états riverains qui n'ont ni grande capacité de capture ni marché intérieur. Il faut simplement empêcher Japonais, Coréens, Taïwanais de continuer à y faire n'importe quoi." Sans y instituer les 200 milles comme en Atlantique, l'Europe bleue veut s'ancrer enfin solidement sur son flanc sud avec la Piémontaise Emma Bonino. Celle-ci veille aussi jalousement sur ses prérogatives: "Je n'ai toujours pas eu

connaissance du plan Puech d'aide à la pêche française. Je m'attendais enfin aujourd'hui à rencontrer ici à Rennes une personne du ministère qui me remettre au moins une enveloppe."

L'usage veut en effet que chaque état membre informe la commission de ses initiatives, ne srait-ce que pour vérifier qu'elle n'est pas en contradiction avec celle de l'Europe bleue. En principe, Jean Puech n'a pas commis d'impair.

 
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